lundi 31 octobre 2011

Quel Nouveau Livre Dans La Bibliothèque ?


Ce matin, alors que je me promenais sans but dans les rues d'Arles, une fenêtre brisée m’a fait me souvenir (très vaguement, je le reconnais, merci google) de la théorie de Frédéric Bastiat "Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas" où il expose qu’au lieu de s’en tenir à l'effet visible d’un événement, les économistes se doivent également de prévoir et de mesurer les effets qui en découlent ou en pâtissent (notion que ma tête de non-économiste simplifie généralement en : “on aurait souvent intérêt à considérer ce qui pourrait être au lieu de s’en tenir à ce qui est”).
Mais revenons dans les rues d’Arles où le temps plus que clément et le calme de la vieille ville n’invitant pas à remplacer le carreau cassé dans les plus brefs délais permettent donc à l'occupant des lieux (s'inspirant de l'anecdote de Bastiat) de se rendre à la librairie plutôt que chez le vitrier (qui fait le pont, d’ailleurs, ce qui n’est pas le cas du libraire) pour y quérir mais quel nouveau livre ?

Pour ceux que ça intéresserait, très éventuellement, voici l'extrait de “Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas” qui fit naître ma dispensable pensée :
« Avez-vous jamais été témoin de la fureur du bon bourgeois Jacques Bonhomme, quand son fils terrible est parvenu à casser un carreau de vitre? Si vous avez assisté à ce spectacle, à coup sûr vous aurez aussi constaté que tous les assistants, fussent-ils trente, semblent s'être donné le mot pour offrir au propriétaire infortuné cette consolation uniforme: « À quelque chose malheur est bon. De tels accidents font aller l'industrie. Il faut que tout le monde vive. Que deviendraient les vitriers, si l'on ne cassait jamais de vitres? »
Or, il y a dans cette formule de condoléance toute une théorie, qu'il est bon de surprendre flagrante delicto, dans ce cas très-simple, attendu que c'est exactement la même que celle qui, par malheur, régit la plupart de nos institutions économiques.
À supposer qu'il faille dépenser six francs pour réparer le dommage, si l'on veut dire que l'accident fait arriver six francs à l'industrie vitrière, qu'il encourage dans la mesure de six francs la susdite industrie, je l'accorde, je ne conteste en aucune façon, on raisonne juste. Le vitrier va venir, il fera besogne, touchera six francs, se frottera les mains et bénira de son cœur l'enfant terrible. C'est ce qu'on voit.
Mais si, par voie de déduction, on arrive à conclure, comme on le fait trop souvent, qu'il est bon qu'on casse les vitres, que cela fait circuler l'argent, qu'il en résulte un encouragement pour l'industrie en général, je suis obligé de m'écrier: halte-là! Votre théorie s'arrête à ce qu'on voit, elle ne tient pas compte de ce qu'on ne voit pas.
On ne voit pas que, puisque notre bourgeois a dépensé six francs à une chose, il ne pourra plus les dépenser à une autre. On ne voit pas que s'il n'eût pas eu de vitre à remplacer, il eût remplacé, par exemple, ses souliers éculés ou mis un livre de plus dans sa bibliothèque. Bref, il aurait fait de ses six francs un emploi quelconque qu'il ne fera pas.
Faisons donc le compte de l'industrie en général.
La vitre étant cassée, l'industrie vitrière est encouragée dans la mesure de six francs; c'est ce qu'on voit.
Si la vitre n'eût pas été cassée, l'industrie cordonnière (ou toute autre) eût été encouragée dans la mesure de six francs; c'est ce qu'on ne voit pas.
Et si l'on prenait en considération ce qu'on ne voit pas, parce que c'est un fait négatif, aussi bien que ce que l'on voit, parce que c'est un fait positif, on comprendrait qu'il n'y a aucun intérêt pour l'industrie en général, ou pour l'ensemble du travail national, à ce que des vitres se cassent ou ne se cassent pas.
Faisons maintenant le compte de Jacques Bonhomme.
Dans la première hypothèse, celle de la vitre cassée, il dépense six francs, et a, ni plus ni moins que devant, la jouissance d'une vitre.
Dans la seconde, celle où l'accident ne fût pas arrivé, il aurait dépensé six francs en chaussure et aurait eu tout à la fois la jouissance d'une paire de souliers et celle d'une vitre.  Or, comme Jacques Bonhomme fait partie de la société, il faut conclure de là que, considérée dans son ensemble, et toute balance faite de ses travaux et de ses jouissances, elle a perdu la valeur de la vitre cassée.» 



dimanche 30 octobre 2011



un jour debout à côté d’un banc silhouette se rapprochant

des bras des bras des bras des bras

aussitôt les pavés résonnent les pas d'un corps à huit membres

drôle de cabri

pour les soupirs un pont pas un passage : espace détaché suspendu à côté entre plus haut et plus bas

absolument vertical

jamais encore des bouches qui se taisent autant

ce goût

volées de marches irrégulières qui mènent à l’église close là-haut

mais c’est des pierres de l’air du soleil le souffle la peau

les yeux sur la madone en or 

inutile vigie guettant les premiers rayons de l’aube depuis quand

sur un banc sans public qui prend la forme des corps

ici là ailleurs partout encore enfant toujours les mots pour vérifier la présence

le silence

plus tard les jambes mélangées pendent au-dessus de l’eau

des tissus des mains le doigt dans le creux du poignet

clapotis muets

déchirure

et les roues tournent et les éoliennes

jeudi 27 octobre 2011

Euh...

-->
-     Qu’est-ce que c’est que cette tête ?
-     J’ai une chanson de Dutronc qui tourne en boucle : « Il est sympa et attirant, mais méfiez-vous, c’est un truand », ça doit être ça.
-     Ah. Autre chose ?
-     Euh… Je ne sais plus comment je m’appelle. 
-     Est-ce bien nécessaire ?
-     Quoi ?
-     Laissez-les autres le faire, vous n’avez pas à vous appeler vous-même.
-     On peut éviter de jouer sur les mots ?
-     Ben non, nous sommes un peu là pour ça, je crois.
-    
-     Est-ce que tout le monde vous appelle de la même façon ?
-     … Oui, il me semble, justement.
-     Justement ?
-     Oui.
-     Je ne comprends pas. Où est le problème ?
-     Je ne sais pas… J’ai l’impression de jouer le même rôle dans des films différents…
-     Si je comprends bien, plus vous avez le sentiment d’être le même avec tous, plus vous avez le sentiment de trahir… C’est un peu paradoxal, non ?
-     Oui, c’est peut-être paradoxal, mais c’est exactement ça. La vérité est criminelle. Il n’y a que les menteurs qui peuvent se regarder en face. Non ?
-     Vous avez des problèmes de riche.
-     D’accord. Mais je vous paye. Ok, c’est nul.
-     Oui, montrez-moi une vidéo, plutôt.
-     Si vous voulez, mais ça ne va rien clarifier...

mardi 25 octobre 2011

Messages Personnels

 
(Mise en musique de “Messages Personnels” diffusés sur Radio Londres entre 1940 et 1944)

lundi 24 octobre 2011

La Valise Mexicaine

(La Valise Mexicaine n'est pas mexicaine et ce n'est même pas une valise, mais c'est beau ce qu'il y a dedans, et puis, je ne sais pas (et c'est sûrement ridicule), mais sa tardive édition tombe peut-être à la bonne époque)

Faites Une Pause, SVP


dimanche 23 octobre 2011

Anti-Cri

Devant la sublime Nuit étoilée de Munch, un couple fait la grimace.
La dame : C'est sombre, quand même. Tout est sombre, tout.
Le monsieur : T'as vu sa tête, il sourit jamais.

samedi 22 octobre 2011

Le Plein

Réveil en sursaut
Quoi faire

Quoi faire sinon le plein

Cesser le survol 
Ecraser la tige
Couper la ligne

Quoi faire sinon le plein

Avaler des bornes
Sauter du train
Brûler le van
Manger le chien

Quoi faire sinon le plein

Défaire le vide
Recommencer
Finir en short
Crever la bouée

Mentir Trahir Honnir Punir
Vomir
Et recommencer

Mentir Trahir Honnir Punir
Vomir
(Et recommencer)

Quoi faire sinon le plein

Ordure Crevure Souillure Pourriture Raclure Enflure
Rien à moitié

Droit vers le sud
Comme un aoûtien

Quoi faire sinon le plein

Cesser le survol
Couper la ligne
Avaler des bornes
Sauter du train

Quoi faire

Sinon le plein

Le Plein (Improvisation)


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mercredi 19 octobre 2011

A Little Less Duende


« Les musiciens Kim Gordon et Thurston Moore, mariés depuis 1984, annoncent qu’ils se séparent. Sonic Youth, avec Kim et Thurston, assurera ses dates sud-américaines en novembre. Les projets au-delà de cette tournée sont incertains. Le couple a demandé de respecter sa vie privée et ne souhaite pas faire de commentaires » annonce leur label Matador Records.

Oui, c’est un communiqué de presse people.
Mais, un : il a peu de chances de figurer dans Voici, Gala, Closer, etc. et de toutes façons, vous ne les lisez pas…
Et deux : il m’affecte, dans la mesure où il réduit les chances d’apparition du Duende à court terme un peu partout sur terre.
Les histoires d’amour finissent mal en général, on le sait, mais rares sont celles des autres qui nous touchent en particulier.

PS : Vous aurez évidemment noté le nom de leur label où sont également signés entre autres : Cat Power, Yo La Tengo, Pavement…


dimanche 16 octobre 2011

Hare's Beak Blues (Une Rencontre Improvisée)


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samedi 15 octobre 2011

Jams Run Free

- Je suis un peu perdu, là.
- Ah.
- Le monde s’est ouvert, je crois.
- C’est un problème ?
- Non, c’est beau, mais c'est différent. J’ai l’impression qu’il y a un peu plus d’oxygène. Que mes poumons sont plus gros. Du coup, je suis censé courir, mais j’ignore dans quelle direction…
- Vous pouvez commencer par marcher.
- C’est juste.
- Vous connaissez cette phrase de Debussy : “On écrit toujours trop et on ne pense jamais assez” ?
- Ca résonne bien avec tous ces blogs…
- Oui.
- Avancer à sa vitesse donc. D’accord. Mais avancer. Parce que... C’est dingue parfois quand on se réveille, de constater tout le temps qu’on a perdu, dans une inconscience complètement incompréhensible après coup.
- Oui, mais vous êtes réveillé, là.- Peut-être. Difficile à dire. On m’a parlé d’un livre de Murakami, Autoportrait de l’auteur en coureur de fond. Il y est question d’âge, de remise en cause, de discipline… C’est une autobiographie, je crois. Il écrit : “Malgré mon âge, malgré des forces déclinantes (…), je continuerai à courir. Parce que c’est ce que je suis. Comme les scorpions qui piquent, les cigales qui s’accrochent aux arbres, les saumons qui remontent les rivières, les canards qui s’accouplent.” Ca me plaît.
- C’est bien. Moi, je préfère quand vous écoutez de la musique, ça me plaît mieux, souvent.
- Ah. Oui. Mais, là, je sais pas si.

lundi 10 octobre 2011

Supreme

-->
- Le temps vertical ne donne pas rendez-vous, il s’invite et disparaît sans prévenir. Mais il n’apparaît jamais au hasard. Il ne rend visite qu’à ceux qui l'attendent. C’est une affaire de foi, évidemment. Il faut croire, contre toute logique, contre sa raison. Parce que tout ramène au temps horizontal, chaque seconde qui passe, sans parler de la conscience inévitable que toute chose change, se renouvelle ou s’use, mais change. Oui, mais non. Je crois au temps vertical. L’espoir est à ce prix. C'est quelque chose, l'espoir. Je veux la reprise et la répétition. Les deux, de peur que l’une soit moins verticale que l’autre. Je veux tordre l’horizontal. Pas définitivement, mais un rail relevé de temps en temps. Pour commencer. Attendez... A Love Supreme! Je ne sais pas par où je suis passé... Blue Train, sûrement... A Love Supreme! Je viens de comprendre. Enfin, n’exagérons rien, je viens de voir un truc qui m'avait échappé. A Love Supreme. Du temps vertical à écouter, une spirale infinie, éternellement ici et maintenant, à la recherche du toujours même. Et trois mots qui n’en sont pas, A Love Supreme comme un mantra. A Love Supreme ne se déploie pas dans le temps, mais se répète et s’élève au présent. Ascension... Coltrane toujours. Acknoledgement, Resolution, Pursuance… C’est dingue. Merci !
- Je n’ai rien dit.
- C’est vrai. C’est peut-être mieux.
- …
- Je sais que vous êtes d’accord, même si ça vous ennuie de vous taire.
- Je m’abstiens seulement de vous signaler les initiales du Monsieur, et qu’il est mort l’année de votre naissance.
- Vous êtes lourd, vous êtes décidément plus doué pour le silence aujourd’hui. Vous savez qu'il est né à Hamlet ?
- Non. C'est... bien. Pas de vidéo ?
- Non, vous ne la méritez pas. Bon, allez, d'accord, mais c'est bien parce que je suis faible.
        

dimanche 9 octobre 2011

Lire

Deux phrases et il fait jour.

Ce que je cherche dans la parole, c'est la réponse de l'autre. Ce qui me constitue comme sujet, c'est ma question. Pour me faire reconnaître de l'autre, je ne profère ce qui fut qu'en vue de ce qui sera. (...)
Dès lors apparaît la fonction décisive de ma propre réponse et qui n'est pas seulement comme on le dit d'être reçue par le sujet comme approbation ou rejet de son discours, mais vraiment de le reconnaître ou de l'abolir comme sujet.
              Jacques Lacan, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse
 

samedi 8 octobre 2011

Bleu, mais Vert

- C'est moi.
- Oui, je vois.
- Je viens pour ce que vous savez.
- C'est vous qui savez.
- Ben non, justement. J'ai compris que je cherchais à atteindre quelque chose, mais je ne suis pas bien sûr de quoi, alors ça ne m'avance pas beaucoup. Je progresse peu...
- C'est vous qui le dites, mais je vous écoute.
- Déjà, "quoi", je ne sais pas si c'est le bon mot. C'est peut-être "qui". Ou même un animal... Bon, d'accord, d'accord. Quelqu'un dans le passé, ou dans le futur. Ou bien un autre moi, un moi oublié... Mais bon, c'est peut-être "quoi". ... C'est chiant ce que je raconte, non ?
- Vous savez, j'ai l'habitude.
- J'ai bien quelques idées, mais c'est tellement difficile de savoir si les idées qu'on a ne sont pas des idées qu'on se fait...
- Vous aimez les réponses ?
- Ben, non.
- Bon.
- Pourquoi ?
- Rien, rien, continuez.
- C'est à dire qu'il faut savoir lire les rêves, les signes, entre les lignes... Se méfier des inventions. Et en même temps, créer. Enfin, c'est un bien grand mot, mais créer, oui. Parce qu'il faut bien changer des choses.
- Il faut ?
- Bouger des choses, sortir des boucles, oui je crois.
- Vous aimez croire ?
- ... Et je n'aime pas les réponses, oui. La religion me tend les bras, vous pensez ?
- Vous êtes plutôt « Relegere » ou « Religare » ?
- « Relier », mais je préférerais « Relire ». Mon goût pour le vertical, vous savez. Mais il y a les bras, aussi...
- Ca ne peut pas être simple.
- Bah, il n'y a pas plus beau que le bleu quand il est vert.
       

jeudi 6 octobre 2011

La Vie en 382 Mètres


Chaque premier tour de roue dans la rue Emile Richard me fait le même effet : je découvre des mollets neufs, j'offre mes dents aux escadrilles de moucherons, je suis en joie d’être là, de respirer, d’être moi. Le même miracle, à chaque fois.
La rue Emile Richard est une rue rectiligne à sens unique ombragée de platanes centenaires sur toute la longueur de ses quatre cents mètres. Elle est ouverte à la circulation, mais les moteurs lui font offense, c’est en silence qu’il faut l’emprunter, la survoler dans un souffle, effleurer son bitume, cycliste ou oiseau, toujours vers le sud.
La rue Emile Richard n’affiche aucun numéro, nul ne peut y demeurer sans avoir quitté ce monde ; ce n’est pas une adresse, c’est un canyon effilé dans la Vallée de la mort, la Mer Rouge divisée, un passage secret dans l’Odyssée.
La rue Emile Richard ne relie pas le boulevard Edgar-Quinet à la rue Froidevaux, elle rappelle simplement aux petits hommes qui pédalent qu'ils sont vivants.

No Apple Today


mardi 4 octobre 2011

Staircase (Radiohead)


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lundi 3 octobre 2011

L’Enfance Passée, Les Tigres et Leur Passion


Avant de devenir une fidèle doublette cycliste, Maurice et Marcel se sont illustrés il y a quelques années dans la périlleuse activité du vol de tableau (au singulier, et encore ce ne fut qu’un emprunt). Mais assez de mystères, passons aux faits.
Au début des années 2000, un tableau de Jacques Monory (L’enfance passée, les tigres et leur passion) ornait les murs d’une firme prospère où Maurice et Marcel séjournaient ordinairement (séparément au demeurant) pour gagner leur pitance. Et par une conjonction de facteurs parmi lesquels ma quotidienne présence en ce lieu et les couleurs choisies par l’artiste, j’avais fini par prendre ce tableau en horreur. Il faut dire que celui-ci était accroché dans le couloir exactement dans l’axe de la porte ouverte de mon bureau (et travailler porte fermée n’a jamais été une éventualité). Après avoir demandé en vain son accrochage sur un autre mur (qui étaient fort nombreux dans cette immense firme), puis avoir signifié ma lassitude en le recouvrant d’un portrait de René Monory l’ancien Président du Sénat (geste très mal reçu par les autorités de la firme), je décidais, avec l’aide de mon ami Marcel Berthet, de faire disparaître "L'enfance, les tigres et leur passion". Le lendemain, le (Jacques) Monory avait laissé place à une sorte de Malevitch virtuel, le mur laissant apparaître un caractéristique rectangle blanc sur fond blanc sale de l’après décrochage. Le bruit fût important (à la hauteur de l’œuvre). Et le nombre de mails faussement dénonciateurs ou dont les auteurs prétendaient avoir retrouvé la trace du tableau, simplement prodigieux. Bien entendu, on me soupçonna, mais la présomption d’innocence est chose sacrée en notre pays, même au sein d’une multinationale américaine. Et Maurice et Marcel savent donner le change à qui les regarde vite. La passion quelque peu retombée, les deux compères firent parvenir une photo de l’œuvre accompagnée d’un quotidien du jour et d’un billet notifiant que le tableau serait rendu à condition qu’il soit mis au coffre sans attendre le jour même de sa récupération (sa présente disparition démontrant qu’il était plus que souhaitable de tenir à l’avenir un pareil trésor en lieu sûr). Après avoir proféré quelques menaces et dépêché la police nationale sur place pour intimider les voleurs présumés, et ces deux initiatives malheureuses n’ayant produit aucun résultat, les autorités compétentes de la firme finirent par obtempérer aux légitimes revendications du commando (avec néanmoins un bémol sur le critère de l’humour). Mais “L’enfance passée, les tigres et leur passion” rejoignirent la cave de la firme et votre serviteur hérita en lieu et place d’un Robert Combas impossible qui l’incita à trouver rapidement du travail ailleurs. Bref.
Cette anecdote pour vous expliquer mon bonheur particulier de croiser, samedi soir par hasard, Jacques Monory en personne assistant à la projection de son film EX dans le cadre de la Nuit Blanche. Malgré l’envie sincère de m’excuser pour mon forfait passé (et les sentiments nourris alors pour son oeuvre), je n’osai aborder l’homme et me contentai d’immortaliser l’artiste.

dimanche 2 octobre 2011

S nate Au Cla r De Lun

La Sonate au Clair de Lune est partie dans l'espace à la rencontre d'une autre vie. Au retour, il lui manquait quelques notes. Sonnent-elles toujours quelque part dans l'univers ? Ont-elles été avalées par quelque mélomane extraterrestre ?
Une chose est sûre, de retour sur Terre, elle ne jouait plus le même air. Désormais, elle court moins vite, elle hésite, elle réfléchit. Elle a gagné en humanité ce qu'elle a perdu en harmonie.

Katie Paterson "Earth-Moon-Earth" (Moonlight Sonata reflected from the surface of the moon), 2007.


samedi 1 octobre 2011

Wot


- Alors ?
- Alors... Alors cherchant toujours ne cherchant plus cherchant encore cherchant toujours doutant doutant doutant forcément pourtant parfois pourtant l’évidence l'évidence qui fait douter le doute dérègle le ruminement le temps perdu de la recherche l’évidence qui s'invite s’installe rien à faire pas de cache cache sauf à se renier quand bien même toujours l’évidence toujours alors alors quoi alors l’écrire pourquoi pour soi pour avancer sinon trouver avancer au moins dans un sens un autre celui des mots le nord perdu l’ouest éternel le sud forcément le sud avancer la drôle d’idée oui bouger déjà sortir ouvrir déplacer changer d’air chanson nouvelle de l’herbe plus verte à fouler nouvelle frontière non pas de frontière pas d’herbe seulement avancer parce qu’il faut bouger avancer bien obligé par l’obligation qui oblige parce que le mouvement pardonne excuse et l’attente interdite refusée kaputt point à la ligne on vous l’a dit répété bouge de là ailleurs ça suffit bouge alors je cherche toujours encore doutant doutant sauf de l’évidence quand elle survient et encore de quoi de quoi de quoi parle-t-on quelle évidence chercher mais quoi et quoi dans la main oui quoi mais il y a l’autruche aussi les électrochocs kant et quelques grecs et le foulard sur les yeux il y a l’autruche et le concept de réalité oui juste un concept non toujours le manque la disparition la perte l’éternel non retour l’anti reprise l’horizontal à perte de vue l’horizon noir de monde mais l'autre absent la mauvaise voie le dos tourné droit dans l’erreur peut-être ou pas mais alors cherchant toujours ne cherchant plus cherchant encore cherchant toujours doutant doutant doutant forcément pourtant parfois pourtant l’évidence encore une fois alors quoi quoi quoi quoi quoi toujours dans la main quoi vous voyez...
- Mouais. Vous pouvez faire mieux. Là, franchement, on avance pas beaucoup. Et encore, je suis positif.
- ...
- Vous n'êtes pas d'accord ?
- Euh, si... Mais je fais mon possible.
- Alors disons qu'aujourd'hui, vous pouvez peu.
- D'accord.
- Bon, un titre avant de partir ?
- Quoi ?
- Un morceau ? Un clip ? L'humeur du jour ?