mercredi 30 novembre 2011

Western Haïku n°15


Une pépite dans l’eau
Les mains liées derrière le dos
Je bois, il fait chaud

jeudi 24 novembre 2011

“How Could They Subject Us To this ?”

- Je dis beaucoup “Objectivement”. Enfin, souvent.
- Et c'est un problème ?
- Un problème, peut-être pas...
- Mais vous aimeriez qu'on en parle...
- Bah, je me rends bien compte que ça ne va pas changer la face du monde... Mais, euh, oui.
- Et vous voulez qu'on fasse comment ?
- Bah, je vous explique. J'aime bien avoir raison. Comme tout le monde, mais disons... plutôt plus, alors j'imagine que ce mot m'arrange bien pour donner un peu plus de poids à ma subjectivité. C'est devenu un genre de tic de langage.
- Vous voulez que je vous dise ce que j'en pense ?
- Oui, bien sûr.
- Vous n'avez pas envie d'en parler.
- Bah si, la preuve.
- La preuve de quoi ?
- … Euh, là, on en parle ? C'est bien moi qui ai mis le sujet sur le tapis, non ?
- Oui, mais pas pour en parler.
- C'est nul, ce que vous faites, vous essayez juste de me pousser à dire “objectivement”...
- Non. Vous ne savez pas toujours ce que je pense.
- …
- Allez-y, continuez.
- Subjectivement, vous êtes nul.
- Très bien, vous voulez qu'on parle d'autre chose ?
- Non...
- Si c'était un tic de langage, vous l'avez perdu, alors on peut passer à autre chose, si vous voulez...
- …
- …
- Ok, on regarde une vidéo, mais c'est moi qui choisis.

mardi 22 novembre 2011

I Want Trouble (Improvisation Sanguine)


(pour éviter les tremblements au début du morceau, appuyer sur pause
le temps que le fichier soit entièrement chargé, puis relancer la lecture)

lundi 21 novembre 2011

Lonely Boy

 
-->- J'aimerais être un ours.
- Pourquoi ?
- Pour pouvoir hiberner. C'est la saison, non ?
- Vous savez, les ours n'hibernent pas vraiment, ce sont des semi-hibernants...
- Oh, une demi-léthargie m'ira très bien, je ne tiens pas à disparaître. Ce que je voudrais, c'est une grotte. - Avec un feu.
- Vous voulez la fourrure et le feu ?
- La fourrure et le feu, oui, c'est ça. Pourquoi, c'est impossible ?
- Si... Tout est possible, mais ça a forcément un prix.
- Sinon, je peux dire autre chose, je veux être Lucky Luke à la fin des histoires, quand il chante “I'm a poor lonesome cowboy Long way from home...” sauf que je voudrais qu'une chanteuse de saloon m'attende quelque part.
- C'est autre chose, mais c'est la même chose.
- Ah bon. D'accord. Sinon, je peux me planquer dans le dernier Tom Waits que je garde dans un coin comme un joker. Il y a plein de nouveaux trucs à écouter... On pourrait se faire un titre de Crazy Clown Time de David Lynch, par exemple, mais je préfère finir sur une autre note.

mercredi 16 novembre 2011

Trouble Everyday

-->
--> - Il y a des choses à faire.
- Oui ?
- Oui, au lieu de parler.
- … ?
- Comme dans Trouble Everyday, par exemple, Béatrice Dalle parle peu, mais elle agit. Elle ressent des choses, elle les vit. Elle prouve, quoi.
- Je ne connais pas Trouble Everyday…
- C’est un film de Claire Denis, avec Béatrice Dalle. Elle mange ses amants. Littéralement.
- Ah…
- Oui, mais ça n’a rien de gore, c’est de l’amour. D’ailleurs, c’est beau, ça n’a rien d’un viol. Le mangeur et le mangé font la même chose, ensemble…
- Ah bon…
- Enfin, toutes les victimes ne sont pas consentantes… Il faudrait que je le revoie… C’est violent, bien sûr…
- Bien sûr… Le titre est intéressant…
- Ah oui, vous trouvez, vous aussi… La chanson titre est assez magnifique, aussi. Caressante, vénéneuse… La voix de Stuart Staples chante en connaissance de cause... avec une grande douceur, alors qu’elle a vu, qu’elle sait… Enfin, c’est comme ça que je l’entends…
- …
- Je ne vous entends pas beaucoup, vous…
- Non, je... vous écoute.
- Ben, rien, je pense à ça, c'est tout… C’est pas un truc tiède, quoi. Le désir, le corps, le coeur, le cerveau, la bouche, le ventre… Le festin nu sanglant, la grande bouffe absolue, la corrida approuvée par Ernest Coeurderoy...
- …
- Oui ?
- Non, c’est vrai, j’ai un peu de mal à vous suivre… On peut reprendre au début ?
  

dimanche 13 novembre 2011

Quatorze Ans

Aujourd'hui, sur les coups de dix heures, Marcel Berthet a emmené son ami Maurice Brocco trente ans en arrière, à l'âge où l'on fait des bêtises moins méchantes que mémorables. En l'occurrence, la bêtise du jour consistait à traverser les passages souterrains de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à vélo. Ces passages, qui permettent au personnel hospitalier de conduire les patients sur brancard d'un bâtiment à un autre sans que ceux-ci aient à subir de variation de température, sont étroits, bas de plafond et entièrement recouverts de peinture laquée, mais ce qui impressionne le plus le visiteur de passage c'est de découvrir cet incroyable dédale aux multiples carrefours (surveillés par des caméras), ville souterraine, sous la ville hôpital, dans la ville insouciante. Marcel était déjà venu en bmx, mais il y a quelques décennies, aussi je ne pus lui en vouloir lorsqu'il hésita un court instant à l'un des croisements... et qu'une porte s'ouvrit alors que nous étions à l'arrêt. Avant que nos battement cardiaques n'aient eu le temps de s'emballer, un homme souriant, sympathique et pas surpris une seconde de tomber sur deux cyclistes du dimanche, répondit à notre désarroi en nous indiquant précisément le chemin le plus court vers la surface. De retour sous le soleil, avant de reprendre notre balade matinale, Marcel exprima le besoin de faire une courte halte non loin de là, dans la dernière pissotière de la capitale qui jouxte le mur nord de la prison de la Santé. Maurice et Marcel entamèrent alors une discussion sur les soupeurs, légende urbaine ou réalité, et tentèrent de comprendre le phénomène en rivalisant de correspondances et autres images mentales permettant d'approcher la motivation et le plaisir en question... Mais ceci est une autre histoire (ou pas).


samedi 12 novembre 2011

Là (Improvisation avec des bras)


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vendredi 11 novembre 2011

Sans Titre

L'album photo de ma famille est exposé 1 Place de la Concorde à Paris jusqu'au 5 février. Ils sont tous là : la jeune femme dans une robe brillante, le géant juif chez ses parents dans le Bronx, la serveuse dans un camp nudiste, le bébé en larmes, l'avaleuse de sabre dans un cirque, les handicapés mentaux à la fête d'Halloween, les sœurs Gish, … , même la fille à la casquette que je n'avais encore jamais vue.

Il y a beaucoup trop de visiteurs, mais les yeux vous attrapent par dessus les épaules, entre les têtes, à travers les cheveux. Vous rencontrez les autres comme nulle part et vous vous trouvez dans chaque image : vieux, nain, enfant, en couple, abandonné, fou, pleurant, adolescent, enlacé, difforme, à noël, au parc, sur un lit, courant, assis sur un banc, masqué, nu... Ici et perdu, à vif et déjà loin.
Je ne savais pas qu'on pouvait aimer les gens autant.

mercredi 9 novembre 2011

Spirituel Ou... Pas

-->
-     Il se passe des trucs. J’ai l’impression qu’on est au début de quelque chose… Qu’il va se passer des choses.
-     Ah bon…
-     Oui, c’était un peu en stand-by depuis quelque temps. Depuis trop longtemps, d’ailleurs…
-     Si vous le dites…
-     C’est marrant que vous ne le voyiez pas.
-     Mais vous parlez de quoi au juste ?
-     Je sais pas. De tout…
-     C’est pas clair clair…
-     Par exemple, du nouveau clip de Seventeen Evergreen. Même si j’adorais Life Embarasses Me On Planet Earth et le clip de Haven’t Been Yourself et sa partouze existentielle, il faut le comparer avec le nouveau Polarity Song qui a une fraîcheur, une énergie... nouvelle. On passe à l’action, quoi. L’action con, peut-être, mais l’action.
-    
-     Je vous montrerai le clip. Mais je pourrais dire aussi : crise monétaire, européenne, mondiale, Montebourg même, et la fin du pétrole, de la bagnole, le réveil anti-nucléaire, le vin sans soufre, les insurgés, les indignés… non, pas intouchables, ça, ça montrerait plutôt le contraire : que la propagande niaise et ses clichés grossiers a encore de beaux jours devant elle… D’accord, c’est pas clair, mais bon, j’ai confiance. Le vingt-et-unième siècle sera spirituel ou ne sera pas. Il paraît que Malraux ne l’aurait même pas dit, en fait. Mais on s’en fout, c’est une bonne phrase. Enfin, j’aime son alternative : autrement ou pas du tout. Changement, révolution, quelque chose… Si j’étais pauvre je ferais tout péter…
-    
-     Oui, c’est drôle, je sais. Je suis drôle. Mais ça va, personne ne m’entend. Il n’y a que vous et vous, au fond, vous êtes d’accord, même si vous trouvez ça con. Enfin, vous aimeriez penser des trucs comme ça plutôt que de tout analyser, démonter, rationaliser, tempérer, justifier, ratiociner… Oui, parfaitement, vous ratiocinez en permanence.
-     Vous, vous savez ce que je pense ?
-     Oui, ça c’est certain. Par exemple, là, en ce moment, vous vous dites que je ne suis pas spirituel. Et je sais aussi que vous allez aimer le nouveau Seventeen Evergreen. 
                         
           

dimanche 6 novembre 2011

C'est ça


- Et puis, je cligne des yeux plus de six millions de fois par an. Quand j'y pense, je me crispe, partout, dans le cou, les reins, et tous mes doigts de pieds se replient dans les Stan Smith. C'est insupportable de cligner des yeux. Il y a des gens qui clignent les yeux sans arrêt, ils doivent cligner des dizaines de millions de fois par an, ce qui est à peine plus énervant, d'accord. Mais quand j'en ai un en face de moi, ça me crispe quand même particulièrement. Il y a des gens, plus rares, qui ne clignent presque jamais. Si, ça existe. Je ne sais pas si c'est dangereux. Mais ça me crispe aussi. Autant que les hystériques. Peut-être plus, même. Ou différemment. Je crois que ça m'angoisse, en plus... Il paraît qu'on répand en moyenne plus de 600 000 particules de peau par heure, tous autant qu'on est, cligneurs hystériques ou non. C'est atroce. Surtout quand on sait que chaque millimètre carré de peau compte plus de trois millions de bactéries. Je ne comprends pas comment vous faites pour vivre normalement au milieu de tout ça...
- …
- Ca ne vous dérange pas, vous ?
- Je n'y pense pas, c'est tout.
- « Je n'y pense pas, c'est tout », vous êtes drôle... C'est ça le secret ? Vous ne pensez à rien ? Super... Bravo.
- Vous avez vu dans quel état ça vous met ?
- Comment, « dans quel état » ? Je suis vivant et conscient, c'est tout.
- Bon alors tout va bien.
- Non, tout ne va pas bien.
- …
- Enfin, si, ça va. Mais c'est pas si simple.
- Mangez un gâteau au chocolat.
- Quoi ?
- Si vous êtes déprimé, mangez un gâteau au chocolat.
- Je ne suis pas déprimé. Et... elle est complètement con, votre phrase.
- Comme vous y allez...
- …
- … ?
- … Aaaaatcha !
- A vos souhaits. Vous savez que vous venez d'éternuer à 160 km/h ?
- C'est dégueulasse.
- Qu'est-ce qui est dégueulasse ?
- Ce que vous faites. Ca me fait penser à la scène d'Un Poison Violent, C'est ça l'Amour entre Brialy et Gainsbourg et du coup à la fantastique version d'Eszter Balint. Je vous laisse, faut que je retrouve tout de suite le cd.
- Vous partez comme ça ?
- Non...
         

samedi 5 novembre 2011

Dans Le Circulaire Des Lilas

Quand Pierre tomba sur Amélie, il sut qu’elle était la femme de sa vie. Pour Amélie, la réciproque est plus difficile à affirmer, car si elle chavira, ce fut plus certainement sous les 80 kilos du bonhomme que sous son charme.
Etendu de tout son long sur Amélie, étendue de tout son long sur le plancher du bus circulaire des Lilas, Pierre lui avoua aussitôt qu’il était atteint d’amnésie antérograde sévère, ce qui ne l’empêchait pas de s’en souvenir et n’expliquait pas leur situation présente (bien que ce dernier point n’était pas totalement à exclure). S’il préférait l’informer sans attendre, c’était moins par peur d’oublier de s’excuser (car en ce cas il eût commencé par là) que pour qu’Amélie sache tout de suite sous qui elle était tombée. Car cela ne faisait aucun doute, Amélie était la femme de sa vie, comme Pierre le lui déclara sous les néons du bus circulaire des Lilas.
Il faut avouer que la position impossible dans laquelle se trouvait Amélie semblait lui convenir à merveille, et pas plus que Pierre, elle ne songea un seul instant à se relever.
S’ils retrouvèrent une position verticale, ils ne le durent qu’à la sollicitude de passagers inconscients de ce qui se jouait. Mais en tout état de cause, Amélie et Pierre sur pieds, le charme était rompu, et quelques minutes plus tard, elle descendit à la Mairie sans qu’il n’emboîtât son pas.
Le mardi suivant, lorsque les portes du bus s’ouvrirent à l’arrêt Pasteur, Pierre ne remarqua pas la baguette supérieure tordue de la deuxième marche sur laquelle son pied avait déjà pourtant buté par le passé. Une fois encore, il accrocha le décroché de la deuxième marche et perdit l’équilibre. Devant lui, une femme à l’air perdu hésitait entre aller plus avant ou redescendre du bus. Il eut juste le temps de lire sur sa veste « Je m’appelle Amélie, je souffre d’amnésie antérograde, mes coordonnées sont au verso ». Cette chute était un coup de pouce du destin. Quand Pierre tomba sur Amélie, il sut qu’elle était la femme de sa vie.

Le Circulaire des Lilas (Impro sur un texte pas fait pour ça)


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jeudi 3 novembre 2011

Wherever I Lay My Bike (Très Grande Boucle Improvisée)


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