mardi 31 janvier 2012

La Conquête de l'Ouest

Ce soir, je me souviens de La Conquête de l'Ouest, l'album de vignettes autocollantes dont j'ai dû faire la collection pendant l'année scolaire 75-76.
En retrouver quelques images sur Google me plonge dans un état particulier, à cheval sur la frontière qui sépare le paradis perdu du paradis retrouvé.
C'est un album français, pas un Panini, qui fait la part belle aux Indiens (et qui, à sa façon, les présente avec le regard d'un Edward Curtis, que je découvrirais beaucoup plus tard), mais qui retrace toute l'histoire de la conquête de l'Ouest américain, des premières expéditions de Lewis et Clark à la phase terminale du Wild West Show de Buffalo Bill.
J'ai aimé passionnément cet album et ses 405 vignettes obtenues jusqu'à la dernière, en ouvrant inlassablement un nombre proprement incalculable de petites pochettes de six vignettes (50 centimes la pochette, merci Maman, merci Papa). Le parfum de colle bien sûr, mais surtout l'excitation incroyable de découvrir comment seraient représentés la bataille de Gettysburg, Jesse James ou Geronimo...
Je n'en dormais plus la nuit, je ne vivais que dans l'attente de la cloche qui annonçait la récréation, rendez-vous sacré de l'échange des doubles... Je l'ai, je l'ai, je l'ai, je l'ai, je l'ai... PAS ! Et je me régalais presque autant des courts textes au dos de chaque image, esquissant ces destins héroïques qui me transportaient si loin de ma vie minuscule d'écolier cannois. L'album de vignettes de La Conquête de l'Ouest est ma première vraie rencontre avec la liberté grande qu'offrent les meilleurs livres.



Indiens Kwakiutl - Edward Curtis - Trikosko/Library of Congress

dimanche 29 janvier 2012

Manoa

Ce matin, le grand cactus de l'allée principale a quelque chose à dire. L'humidité de l'aube révèle la caresse nocturne d'un doigt sur son cladode métallique marqué d'une croix. Je lis d'abord Manon, mais c'est Manoa, androgyne prénom d'origine tahitienne, qui est venu s'échouer là, après un demi-tour de Terre, sur la côte atlantique du nord de l'Afrique...

Elles Viennent (Improvisation sur un poème de S. Beckett)

dimanche 22 janvier 2012

And The Old Men In Wheelchairs Know

- Bonjour.
- Bonjour.
- Je suis venu parler d'autre chose.
- Très bien.
- …
- …
- Vous ne me demandez pas... ce qu'est cette autre chose ?
- C'est quoi, cette autre chose ?
- Ce n'est pas ce à quoi je pense.
- Si vous êtes venu parler de ce à quoi vous ne pensez pas, on est un peu là pour ça.
- Oui, évidemment, mais ce n'est pas ça. Je ne suis pas venu parler de ma tête.
- Pas de votre tête...
- Oui, je sépare la tête du corps. Bien sûr, je peux dire le contraire, je suis même plus enclin à dire le contraire, que c'est idiot de séparer la tête du corps, mais justement, je sépare la tête du corps. Justement.
- Justement ?
- Oui, justement, pour changer. J'ai décidé de m'occuper de mon corps, lui donner des légumes bouillis, des bonnes tisanes, lui faire faire du sport...
- …
- Et ça fera du bien à ma tête. Mais après.
- …
- …
- Vous avez parlé de votre tête.
- Oui, mais par ricochet.
- Rapide, le ricochet.
- Moui...
- …
- On n'est pas obligé de perdre du temps, non plus.
- Non...
- Vous n'avez pas l'air convaincu ?
- De quoi ?
- De ce que je raconte.
- De la guillotine ou de la médecine par les plantes ?
- J'étais sûr que vous vous vexeriez. Ce n'est pas la première fois. Vous êtes susceptible, quand même...
- Ce n'est pas le sujet.
- Ah, vous voyez, vous êtes vexé.
- Si vous voulez. Donc, vous mangez des légumes bouillis pour que votre tête aille mieux et vous voulez qu'on vous applaudisse...
- … Oui, c'est à peu près ça. C'est tout de même plus difficile de manger des légumes bouillis que de dire tout ce qui nous passe par la tête, non ?

mardi 10 janvier 2012

Autour de ...

--> - Vous n'avez pas changé...- En quinze jours, ce serait dommage.
- Trois semaines.
- Ah bon ?
- Oui, c'est la première fois.
- Je n'ai rien à dire en ce moment.
- …
- Ce n'est pas que j'ai tant à dire d'habitude, mais...
- …
- …
- Vous ne pensez à rien ?
- Je ne sais pas... Non. Ou à des trucs complètement inintéressants.
- Comme...
- Comme rien. Par exemple, soudain je me rappelle que François Cluzet jouait dans 'Round Midnight de Tavernier.
- Et...
- Et c'est tout, justement.
- Bon. Et c'est agréable ?
- … Disons que je n'en souffre pas.
- Ca n'a pas l'air de vous réjouir ?
- Bah, il n'y a pas vraiment de quoi. Je tourne au ralenti.
- Vous croyez ?
- J'ai l'impression...
- …
- …
- Bien.
- Vous vous demandez pourquoi je suis venu alors ?
- Vous, vous en pensez quoi ?
- Bah, pour voir si j'avais quelque chose à dire...
- Ah.
- …
- Et alors ?
- Ben non.
- …
- …
- On regarde quelque chose ?
- Oui, faisons ça.

lundi 9 janvier 2012

Je Ne Sais Pas Dire (Improvisation)


(pour éviter les tremblements au début du morceau, appuyer sur pause
le temps que le fichier soit entièrement chargé, puis relancer la lecture)