jeudi 29 mars 2012

Les ronds-points

A mon copain Jacques J. qui lui demandait au retour de son reportage sur le territoire français ce qui l'avait le plus marqué, Raymond Depardon répondit :
- Les ronds-points.
Les ronds-points et c'est tout ; les ronds-points partout ; les ronds-points à la sortie des bourgs, des villages ou des lieux-dits ; les ronds-points et leurs chevaliers playmobil pour édicule ; les ronds-points dont les gps nous font compter les bras ; les ronds-points où l'on ne se croise plus ; les ronds-points, quoi.

La France de Raymond Depardon - BNF

mardi 27 mars 2012

Est-ce Ainsi (Improvisation sans mémoire)

 
(pour éviter les tremblements au début du morceau, appuyer sur pause
le temps que le fichier soit entièrement chargé, puis relancer la lecture)

mercredi 14 mars 2012

Robert Pirosh (likes words)

Suite à mon dernier post ci-dessous, une amie m'a envoyé cette petite merveille :

When copywriter Robert Pirosh landed in Hollywood in 1934, eager to become a screenwriter, he wrote and sent the following letter to all the directors, producers, and studio executives he could think of. The approach worked, and after securing three interviews he took a job as a junior writer with MGM.
Pirosh went on to write for the Marx Brothers, and in 1949 won an Academy Award for his Battleground script.

(Source: Dear Wit : Letters from the World's Wit. by H. Jack Lang)
Dear Sir:

I like words. I like fat buttery words, such as ooze, turpitude, glutinous, toady. I like solemn, angular, creaky words, such as straitlaced, cantankerous, pecunious, valedictory. I like spurious, black-is-white words, such as mortician, liquidate, tonsorial, demi-monde. I like suave "V" words, such as Svengali, svelte, bravura, verve. I like crunchy, brittle, crackly words, such as splinter, grapple, jostle, crusty. I like sullen, crabbed, scowling words, such as skulk, glower, scabby, churl. I like Oh-Heavens, my-gracious, land's-sake words, such as tricksy, tucker, genteel, horrid. I like elegant, flowery words, such as estivate, peregrinate, elysium, halcyon. I like wormy, squirmy, mealy words, such as crawl, blubber, squeal, drip. I like sniggly, chuckling words, such as cowlick, gurgle, bubble and burp.

I like the word screenwriter better than copywriter, so I decided to quit my job in a New York advertising agency and try my luck in Hollywood, but before taking the plunge I went to Europe for a year of study, contemplation and horsing around.

I have just returned and I still like words.

May I have a few with you?

Robert Pirosh
385 Madison Avenue
Room 610
New York
Eldorado 5-6024

Je dis ça.


Rien. Rigole. Ruisseau. Hippocampe. Hypocondrie. Labilis. Bolduc. Rafia. Smoking. Violette. Nénuphar. Coccinelle. Elephant. Jasmin. Cigale. Western. Mobylette. Rousse. Volley-ball. Cornichon. Tabac. Maternelle. Rillettes. Joe Dassin. Rose. Course. Transi. Azur. Chute. Peau. Caoutchouc. Hibou. Chasseur. Sorcière. Feu. Comanche. Capri. Crépuscule. Cancer. Rigole. Hippopotame. Mérou. Soleil. Mégot. Soif. Eoliennes. Péage. Bassin. Têtards. Mariés. Amnésie. Antésite. Perroquet. Berlinette. Rhum. Rhume. Dictée. Téléphone. Magicien. Tif. Ficelle. Difficile. Fil. Sel. Ecuelle. Boeing. Sonnette. Eglise. Volée. Cerveau. Prison. Fesses. Cuisses. Cheval. Steak. Ballon. Hollande. Picodon. Molière. La laitière. Vaporetto. Salive. Orange. Blueberry. Napoli. Rubicon. Mousse. Enfuie. Pfuit. Rien.
J’ai le sentiment qu’une suite de mots sans queue ni tête en dit parfois plus sur son auteur qu’un ensemble de phrases sensément construites et disposées. Je dis ça, je dis rien.

dimanche 11 mars 2012

Sergio Larrain - El Rectangulo En La Mano



C'est une très bonne exposition sur l'histoire des livres de photographie latino-américains (Foto/Grafica, au Bal à Paris) avec, au détour d'un pilier, quelques images qui se détachent... Il y a la photo de l'escalier, déjà vue quelque part, mais il y en a d'autres, à la densité rare, aux cadrages étonnants, toutes issues d'un petit livre au titre magnifique : El rectangulo en la mano. Ce sont des images de Sergio Larrain. Et c'est évident au premier coup d'oeil, ce sont les images d'un grand photographe. Alors, en sortant, je demande à l'accueil du Bal s'il existerait une réédition du petit livre de Se... mais le libraire me coupe aussitôt : “Non, rien de Sergio Larrain. Oui, c'est un photographe important. La Fondation Cartier essaie d'éditer quelque chose, mais Sergio Larrain vient de mourir, il ne voulait pas qu'on réédite quoi que ce soit, il ne se considérait plus comme un photographe depuis quelques dizaines d'années... Alors maintenant, il faut voir ce que décide sa famille... Parce que, oui...”
Et je découvre le parcours de cet homme, quelques unes de ses autres images, son amitié avec Cartier-Bresson et Pablo Neruda, sa vie d'ermite depuis les années 70 dans un village du Chili...
...
On n'attend rien des dimanche, parfois on a sacrément tort.

Les livres de Sergio Larrain sur un excellent blog (aujourd'hui inactif) dédié aux livres de photo :
http://5b4.blogspot.com/2007/05/books-of-sergio-larrain.html
La page Magnum de Sergio Larrain :
http://www.magnumphotos.com/C.aspx?VP3=ViewBox_VPage&VBID=2K1HZOFBYSKB6&CT=Search&DT=Image


Sergio Larrain - Valparaiso 1963

Sergio Larrain/Magnum Photos

Sergio Larrain - London 1959

Sergio Larrain/Magnum Photos

Sergio Larrain/Magnum Photos


mercredi 7 mars 2012

Tristan und Isolde

- Hier soir, j’ai assisté à un concert magnifique : le Rundfunk Sinfonieorchester de Berlin dirigé par Marek Janowski, avec Nina Stemme. A Pleyel. Un programme parfait : Webern, Strauss et Wagner, avec le Prélude de Tristan et Isolde et la Mort d’Isolde pour finir… C'était vraiment... Quand on découvre quelque chose qu’on pensait connaître… Enfin, un truc vraiment...
- C’est bien, ça…
- Ah non ! Je comprends que ma soirée d’hier ne vous en touche pas une, mais ne me faites pas le coup du “C’est bien, ça…”, on n’est pas chez Sarraute…
- Comment ?
- Pour un oui ou pour un non, de Nathalie Sarraute...
- Connais pas.
- Tant pis. On oublie. Excusez-moi.
- Non, ça va, je vous écoute.
- Oui, je… ce prélude de Tristan et Iseult, on ne peut pas entendre beaucoup mieux, hein… Je le savais, mais… En fait, j’ai réalisé hier soir que ça m’ennuyait que ce soit Wagner. C’est tout. L’antisémitisme du bonhomme. Oui, ça. Comme pour Knut Hamsun ou Céline… Mais pire. Je sais pas pourquoi... Peut-être parce que Wagner, en plus, j’aime pas son nom, il me fait peur… Ca gâche. Mais pas hier soir. Hier soir, c’était trop beau pour supporter la moindre ombre.
- …
- Alors je me suis dit qu’il fallait s’arrêter parfois, je veux dire arrêter de penser, savoir prendre...
- …
- Oui, c’est pas une grande découverte…
- Non, ce n’est pas ce que je pensais. Je crois que je vous ai compris.
- Ah.
- …
- Je m’arrête là alors.
- Si vous voulez.
- Alors oui.
- …
- Tant qu’à écouter le prélude sur youtube, je me dis que les images du vilain Von Trier justement, sont pas mal. Pas nécessaires, mais ça fait un pas trop mauvais clip… Bon, ça raconte une autre histoire... encore que... Enfin, vous faites ce que vous voulez, mais à votre place, je fermerais les yeux.


dimanche 4 mars 2012

"J'ai trop bu ce soir"

C'est une scène qui ne dure que quelques secondes : c'est bientôt le matin, Clotilde entre dans la petite chambre, dit "J'ai trop bu ce soir", et s'écroule dans les bras de Madeleine encore éveillée étendue sur le lit, les deux jeunes femmes échangent un sourire... fin du plan.
Et c'est immense : le refuge, la chaleur du terrier, le retour au port, l'armistice, la berceuse, la mère et l'enfant, le besoin de consolation enfin rassasié, l'absolution des fautes commises ou non, l'autre, la sœur, les bras, la nuit étoilée, l'amour, tous les pardons, les recommencements, tous les possibles...
Un peu plus loin, Julie réconforte Clotilde, d'un "Si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit ?" qu'Isabelle Regnier attribue à Henri Michaux, mais que j'ai retrouvé dans un poème de Nazim Hikmet.
Si je ne brûle pas
Si tu ne brûles pas
Si nous ne brûlons pas

Comment les ténèbres
Deviendront-elles clarté ?
J'ignore si Henri Michaux est un autre auteur de cette phrase magique, comme j'ignore si Joséphine-Aglaé Savatier, plus connue sous le nom d'Apollonie Sabatier, est le modèle de l'Origine du Monde de Courbet ou la muse qui inspira Réversibilité de Baudelaire ou le titre du film de Bertrand Bonello, mais je sais que je n'oublierai pas les filles de L'Apollonide.

samedi 3 mars 2012