dimanche 20 janvier 2013

vendredi 11 janvier 2013

(The future is) Unwritten

C’est un homme qui veut bien faire. Un homme plein de contradictions. Egoïste et généreux, avec un idéal et du courage, celui de faire des sales trucs aussi. Un homme qui essaie de tout donner, à chaque fois. Un homme qui veut réussir, et qui ne peut pas réussir sans rater. Sur cette vidéo, on voit un peu tout ça et d’autres choses : des punks (anglais) sur un plateau de télé (américain), des punks qui savent jouer, des mecs qui font le job, des mecs qui oublient qu’ils font le job, des mecs qui ne savent pas faire le job, une toile peinte ridicule, quatre hommes et quatre enfants, des dents neuves et de la gomina, des yeux vides et des yeux chargés... Et ce type tellement compliqué au centre, ce type tellement normal. Et c'est un peu inquiétant. Et c'est plutôt rassurant.

samedi 5 janvier 2013

Sommes-nous

"L’effondrement de tous les ordres symboliques, le déracinement, l’injonction à la mobilité physique et sociale, la nécessaire adaptabilité à la précarité des choses, la flexibilité et plasticité requises, la permanente instabilité, la généralisation du caractère éphémère des expériences de vie redoublent cet angoissant et fatigant sentiment d’exil intérieur de l’être ainsi placé dans l’errance. Un être hanté par le néant de son monde post-idéologique arrangé comme un spectacle." Raphaël Josset

De l'individu au dividu. Nous devenons un "plusieurs" qui à chaque nouvelle expérience se trouve porteur de toutes les précédentes. Tel Denis Lavant dans Holy Motors, passant d'une vie à l'autre au gré de sa traversée de Paris, nous multiplions nos identités mais nous n'oublions rien, notre mémoire restant une et indivisible. Acteurs-spectateur projetés-projetant sur le même écran. Nous sommes moi, je suis nous. Et chercher lequel de mes plusieurs est le plus proche de moi ne m'apprendra rien. Mon moi est en morceaux, je suis mes morceaux. 
À la vieille question "qu'est-ce que tu fais dans la vie ?" je n'ai jamais su répondre en déclinant ma profession, je n'ai même jamais su répondre tout court. Aujourd'hui je pourrais dire : je me diffuse, je m'éparpille, je m'éclate, si jamais l'envie me prenait de répondre avec emphase à l'imbécile questionnant. Ce qui me rappelle une observation de mon professeur principal en 3ème ou en seconde : "Irait loin s'il papillonnait moins", le brave homme n'imaginait pas que mon inconscient me préparait déjà à la disparition du mythe du progrès (étant entendu que la mort de Dieu et du socialisme ne prêtaient plus à débat).
Eparpillement, errance... Je repense à la fin explosive et multicolore de Pierrot le fou (the human bomb without a cause) ; je me rappelle très mal le monologue de l'Insensé dans Le Gai Savoir ; je n'oublie pas Kierkegaard dialoguant avec Victor Eremita ou bien ou bien ; je me souviens de "Je me souviens" ; et je suis littéralement aspiré par le cerveau en puzzle de Nicholas Brody, l'anti-héros de la série Homeland. 
Sommes-nous les eaux troubles ? Sommes-nous les coquelicots ? Sommes-nous les souvenirs ? Sommes-nous.


jeudi 3 janvier 2013

Mainstream Punk (Johnny Rotten et le temps vertical)

"La disparition du mythe du progrès et le non-sens de l’idée de futur constituent une nouvelle forme d’espérance et de conviction pour un homme postmoderne désormais adepte d’une culture de l’urgence." Stéphane Hugon

Fin du mythe du progrès = no future = désir d'actualité = recherche de l'instant éternel = temps vertical ?

Ça y est, nous sommes tous des punks. Quand le mythe de l'éternel progrès s'éteint (tandis que la planète se réchauffe), "No future" n'est plus le cri de quelques-uns, mais un simple état de fait valable pour tous. Que nous nous perdions dès lors dans une actualité en perpétuelle réactualisation n'a rien de particulièrement surprenant. Si le futur n'a rien à nous promettre, alors restons ici maintenant, éternellement. 
Je le comprends aujourd'hui, en lisant, en écoutant, mais je réalise que mon obsession du temps vertical de ces dernières années n'est peut-être rien d'autre qu'un réflexe de défense face à l'époque que mon inconscient à dû développer sans m'attendre, dans son étonnante mansuétude. Quand l'horizon s'assombrit, cherchons la lumière par le haut ou creusons plus profond, inventons de nouveaux cultes et les lieux qui vont avec, soyons spirituels et romantiques, découvrons la sagesse de l'inconséquence, ne vieillissons plus, habitons le temps vertical. Amen. 

Or maybe it's just something in my stars



mercredi 2 janvier 2013

Un postmoderne

Bonjour. C'est un homme de l'après qui vous parle.
La modernité a fait son temps : la croissance éternelle qui donnait à jamais envie de grandir, les lendemains qui chantaient comme des sourds, et même le progrès comme solution aux méfaits du progrès, sont gentiment morts avec le vingtième siècle. Quant aux inventions qui inventaient les désirs, elles bougent encore, mais avec quelques kilos de plomb dans les plumes. Nous en sommes là, et si intellectuels et gouvernants font semblant de l'ignorer, c'est probablement plus par incapacité à trouver la suite que par simple intérêt personnel.
La fin de la modernité sonne la défaite de la rationalité. Le progrès qui vacille, c'est la logique cartésienne qui perd de son assurance, et avec elle quelques liens de causalité. Se priver pour un monde meilleur soit, mais pour un monde pire... Alors : autre chose. Alors chacun se souvient avoir eu un jour le rouge aux joues, la chair de poule et parfois même un petit glaçon qui vibrait derrière son sternum. Et voila l'émotionnel de retour, volant au secours du petit homme qui persiste à vouloir donner un semblant de sens à son passage sur terre. Finalement, le XXIe siècle sera émotionnel ou ne sera pas.
Et donc on fait quoi quand on est un homme postmoderne, à part s'émouvoir en attendant que les caisses de retraite soient vides. On cherche. Et si on ne trouve pas, on s'amuse en attendant. On écrit ses petites pensées sur son petit blog perdu dans l'immensité numérique intersidérale. Car quand l'histoire peine à écrire la suite, il nous reste toujours les histoires à raconter et à vivre. Et s
i l'on doute du futur, il n'y a plus beaucoup de raisons de ne pas tout vivre aujourd'hui. Pour l'heure, l'homme postmoderne n'écrit pas d'histoire, il évalue vaguement son passage en 2013 en bougeant mollement son cul à Miami Beach dans un cabriolet de location qui consomme ses douze litres aux cent, car l'homme postmoderne n'est pas à une contradiction près. Le rationnel est mort, il vous dit. Et il vous embrasse.