mardi 26 mars 2013

Sun in your eyes


J’aimerais être un membre du Biltmore Golf de Coral Gables.
Eternellement souriant, transpirant seulement le talent.
Le compagnon de parcours absolument désespérant.
Et je serais sourd. Pour éviter les commentaires sur les fluctuations du Dow Jones.
Et muet. Pour couper court à tout échange.
Juste le green, la balle et moi.
Et le soleil dans les yeux.

jeudi 21 mars 2013

Pas d'histoire

- Vous vous souvenez de moi ?
- Ben, oui.
- Je n’avais plus envie de parler.
- C’est pas grave.
- Non, il y a tellement de gens qui parlent.
- Et parfois même, c’est intéressant.
- Oui.
- Et donc, vous avez à nouveau envie de parler ?
- Je ne sais pas.
- Ah.
- Dans le doute, il est généralement conseillé de s’abstenir, je sais. Mais j’ai envie de penser tout haut, j’ai l’impression que ça peut m’aider.
- A quoi ?
- Ca, je ne sais pas. Mais tant qu’à penser tout haut, je préfère que vous soyez là.
- A votre service.
- J’ai envie de masque. D’avancer masqué. De ne pas me, te, se, reconnaître.
- Eteindre la lumière ?
- Peut-être… Parler les yeux fermés, faute de se taire les yeux ouverts. Ca peut être le début d’un programme… Je voudrais du nouveau roman partout, pas d’histoire, pas de début, pas de fin. Des moments. Des gros plans. Des blocs d’affect sans queue ni tête. Pas de but, pas de succès, pas d’échec.
- On peut s’arrêter là une seconde ?
- Sur l’échec ? Vous n’êtes pas d’une grande aide, là. Si vous sous-entendez que j’ai peur de rater, vous ne m’apprenez pas grand-chose.
- Je ne vous apprends rien, non.
- D’accord, je note. Mais moi, j’ai envie de mettre ma tête dans la boue comme dans L’humanité de Bruno Dumont. J’ai envie de creuser, de racler. De rester là, de ne pas avancer, de ne pas fuir. Monter, descendre, regarder, sentir, c’est tout.
- D’accord.
- D’accord ?
- Oui. On regarde quelque chose ? Un extrait de L’humanité ?
- Bah non, on n’est pas au cinéma. Non, on regarde un clip sans le son, ou on l’écoute les yeux fermés. Enfin, les deux ensemble, ça peut être bien aussi…