mardi 27 décembre 2016

Diffraction

L'air et la lumière

Jouant sous l'effet du soleil et d'un vent léger
Les feuilles du peuplier virent du vert à l'argent
Volant leur scintillement aux pierres ombrées
Devenues noires quand par là-haut la nuit descend

D'où naît cette chaleur soudain derrière les tempes
A qui ces cavalcades sous les herbes couchées
Songes peuplés de licornes et d'hippocampes
Escaliers de donjons montés à la volée

Ils s'unissent pour attraper l'air et la lumière
Ils déplient leurs âmes obscures et la nuit s'éclaire

mercredi 21 décembre 2016

Recette lavage Denim

Garder son jean sale le plus longtemps possible, prendre un bain de mer habillé de son jean, frotter son jean avec du sable sec, recommencer l'opération plusieurs fois. Rincer à l'eau douce et laisser sécher au soleil.
Gary Winogrand

mardi 29 novembre 2016

Bientôt


Bientôt, il ne restera que des adresses et quelques dates. Des rues vides et des vélos crevés. Plus d’attente, plus d’espoir ni de rancœur. Seulement des traces de pas dans les jardins, des traces de freins sur la chaussée. Mais les cœurs ne battront plus le pavé. Il restera bien des radiations aussi, forcément. Pour les siècles des siècles. Et la terre tremblera peut-être encore, mais plus les mains.



dimanche 6 novembre 2016

Question de fréquences


- La voix ne peut émettre que ce que l’oreille peut entendre.
- Quoi ?
- Non, rien.

lundi 31 octobre 2016

Sex Toys (Present tense)

- Salut.
- Salut.
- Je me disais un truc l’autre jour...
- Oui ?
- Oui, en roulant pour la millième fois sur la piste cyclable du boulevard Rochechouart, j’ai vu un néon Sex Toys comme je l’avais jamais vu.
- C’est-à-dire ?
- Hyper joli. Ca m’a fait un choc, je me suis arrêté.
- … les couleurs ?
- Non. Enfin oui, mais non. Pour les mots. Deux mots très beaux, chacun et ensemble. Sex et Toys. Le cul des grands, les jouets des enfants. La fête, les cadeaux.
- Ah d’accord.
- Bah, oui. Noël, quoi!
- Ah oui, oui, je vois... Et vous êtes venu me dire ça ?
- Bah oui.
- Oui, pourquoi pas…
- Je pensais que ça vous intéresserait plus que ça. Cette capacité à voir les choses d’un œil neuf, au présent, en se lavant de l’habitude…
- Je dois être coincé un peu…
- Oui, j’ai l’impression. C’est con quand on fait votre métier. 
- Vous croyez ?
- Bah je sais pas, un peu. Vous devriez allez regarder ce néon comme je le vois. C’est tellement gai. Ca fait du bien.
- …
- Ah oui, vous êtes vraiment coincé…
- Oui, j’ose à peine vous demander si on regarde quelque chose aujourd'hui…
- Oui, on regarde un truc. Joli comme un néon.

vendredi 28 octobre 2016

Le centre du monde

Il a tout de suite su que c'était là. Au passage de l’embrasure, le tumulte avait disparu. Sa respiration s’est posée, son corps s’est calé. Il a considéré l’endroit, sans le détailler, mais avec précaution. Comme on tombe sur une biche à l’orée d’un bois. Dans l’air flottait un souvenir de pain grillé, et autre chose de rassurant : ambre, santal, peut-être, ou seulement le chêne de l’escalier.
Une minute passe, ou plusieurs. Il s'est habitué à la pénombre. Après un regard circulaire pour s'approprier les volumes, il ose un oeil dans les pièces voisines. Il est prudent, mais sa curiosité lui semble légitime.
Personne pour créer la moindre interférence, pas une voix, à peine quelques pas à l’étage, une porte qu’on referme sans hâte : mieux qu’un silence.
Il est une oreille dans l’espace qui l’entoure, et la musique qui n’y est pas jouée est à l’exact tempo de son cœur. L’air aussi est d’une douceur précise. Pas de climatisation bien sûr, mais d’imperceptibles courants d’air qui se chargent de maintenir la température idéale. Un rayon de soleil se hasarde dans l’entrée, et reflue.
Il le sait, ici on peut écarter les bras, courir comme un jeune cocker, danser les yeux fermés ou regarder le plafond si l’on préfère, les angles ne vous cogneront pas, vous avez le plan en mémoire, c’est vous qui l’avez dessiné dans une autre vie. Vous pouvez chanter ou crier, les sons ne rebondiront pas, même le parquet ne grince plus depuis cent ans au moins. Tout sonne exactement comme il doit sonner. C'est ici que Gainsbourg a enregistré Melody Nelson, ou bien il aurait dû. 
Les couleurs ont été choisies pour rapprocher le jour de la nuit. Il le note, et le notant réalise qu’il n’est plus un cocker mais un chat. Une porte en profite pour s’ouvrir sur un humain qui s'adresse à lui sans prononcer un mot. Pourtant le message est clair : vous pouvez baisser la garde, Chevalier ; ne vous retournez pas, vous êtes à votre place ; avancez, on vous attendait. L’humain qui l’informe ainsi est si naturellement chaleureux qu’un peu de magie n’est pas à exclure. Magie noire et bleue. Coltrane et Keith Richards. Avec une pointe de rouge. Klein, William. Ou Guy Bourdin. La note est bleue, mais chaude. Qu’elle vienne quand elle veut. Maintenant c’est mieux.
On peut raisonnablement imaginer qu’un lieu soit propice à l’expression d’états ou de sentiments particuliers, et que témoin de ces états, celui-ci s’en imprègne et favorise par-là même leur réitération, s’en imprégnant davantage à chaque occasion et densifiant probablement à mesure le caractère fantastique de son pouvoir. Il pourrait le dire à peu près comme ça, mais il pense plutôt à un autre triangle des Bermudes ; une terre sacrée qui déréglerait radars et boussoles ; un champ magnétique qui détacherait le visiteur du passé autant que de l’avenir – qui rendrait l’avenir dispensable. C’est là qu’il se trouve. Ici et maintenant. Comme avant la lumière. Ou avant encore, sur l’impossible scène du crime de sa conception, peut-être. Non, n'exagérons rien. Il se sent chez lui, comme jamais, sans bien savoir ce que cela veut dire. Mais il veut rester là. C’est là qu’il se passera quelque chose si quelque chose doit se passer. Dehors, on ne pourra que meubler. Quel intérêt de s’agiter davantage. Pour ce qu’on a appris, franchement. Et puis, les enfants sont faits maintenant. Ils finiront de cuire tout seul. Ils iront plus vite, espérons. Il est temps de penser à la vie. Il est tard, mais il sait où chercher.


mardi 25 octobre 2016

Coloured sculpture ?

Les chaînes se déroulent d’un coup et sa tête s’écrase sur le sol. Traumatisme crânien assuré. Les moteurs enroulent les maillons, il se redresse, se retourne, nous regarde. Les chaînes se déroulent à nouveau, il s’écrase à nouveau, tête la première. La lourdeur des chaînes ; le son mat de sa tête qui cogne par terre encore et encore. Les traces grises que laisse son corps traîné sur le sol blanc depuis quand ?
C’est Guignol pour adultes. Le gendarme a gagné, on ignore au service de qui ou de quoi. Le public peut bien crier, Guignol a perdu. Et il morfle sérieusement, le gars. Personne ne viendra le délivrer, ça vaut pour toutes ses victoires faciles, on imagine.
Ou Pinocchio 2.0 – il faut voir ses yeux qui attrapent les vôtres, la vie numérique au cœur du bois. C’est Pinocchio au cirque, mais sans happy end. Gepetto est mort et la fée bleue aussi. On convoque Freaks, la Vénus hottentote, les nains et les avaleurs de sabre de Diane Arbus, Strange fruit et la guitare lynchée de Christian Marclay.
On voit aussi Peter Pan, Spartacus, Tristan, et pas Yseult.
Quand les enceintes jouent When a man loves a woman de Percy Sledge, on n’entend plus les chaînes pour quelques minutes. Il danse Pinocchio, il vole. Et puis la musique s’arrête, et la drôle de danse continue. Mais il ne vole plus, le pantin.
Au bout de vingt minutes, la boucle est bouclée, il n’y a plus rien à attendre et aucune chaîne ne nous retient. Il faut déjà quitter notre nouvel ami, et ça n’a vraiment rien de facile. On reviendra, forcément.

jeudi 20 octobre 2016

Do Do Do Do Fa Fa Do Do Sol Fa Do Sol (Whatever blues)

We've been to Reno 
We've been to the pole 
Whatever and ever
Far closer and ago
We drank one barrel
We sure drank two
Fell off our horses
Too many times to tell
You broke your neck
And something in my chest
Can't find the way back
Who's trying
Can't find the way forth
Who's asking
We're lost in the desert
We're fucked on the moon
The trip is over is it ?
Whatever and ever
We'll rest on Cepheus if we need some rest
We got plenty of time (yes that's a lie)
Your thin hand it don't shake
And your eyes they're no fake
I can smell the gasoline
Stay in these arms of mine
Little sister
You know the two of us 
They will never die 
(Cause they already are)

jeudi 6 octobre 2016

Entre la main qui lâche le téléphone... et le sol.



Comme une merde


Il y a des matins comme ça. On ouvre un œil, un seul, parce que l’autre c’est juste impossible, il est du mauvais côté – du côté de la joue écrasée, avec tout le poids du corps en tour de Pise façon Gehry qui pèse dessus. On se demande comment on a pu atterrir dans cette position sans se réveiller, ni se tuer. Je dis atterrir, mais on s’est plus simplement écrasé comme une merde. On venait de haut, on dirait. On pense au paradis perdu, aux anges déchus, parce qu’on a ces mots sous la main. C’est grossier, mais c’est à peu près l’idée. On sent encore la chute. On sent surtout combien on était mieux là-haut qu'en cette basse et déplaisante posture. Je respire, je me concentre et je tente une remontée. Je tire le fil, il faut plonger, ça peut marcher, ça marche parfois. C’est flou, mais ça monte. J’y suis presque, j’arrive au bord de là-haut. J'y suis. Quelqu'un m'attend. Les souvenirs reviennent en puzzle. Je ne suis pas tombé tout seul. On m’a poussé. Quelqu’un en qui j’avais une confiance aveugle. Je ne vois pas son visage. Ma mère ? Non, pas ma mère. Elle attrape ma main. Elle se détourne et la lâche. Et je rechute. Dans le sens normal. Vers le bas, quoi. Et je m’écrase comme une merde, donc. 
Il va falloir finir la journée comme ça. Il n’y a plus qu’à attendre la pluie, ça nettoiera.


samedi 1 octobre 2016

Western Haïku n°27

Sur le Strip désert
Un ivrogne en short dialogue
Avec Jules César

jeudi 29 septembre 2016

La bête à deux têtes

J’ai quatre jambes et quatre bras
Deux cœurs, deux bouches et cetera
Qu’est-ce que tu dis ? Tu étais là ?
Ca explique ce n’importe quoi


mardi 27 septembre 2016

Western Haïku n°26

Le moteur hoquette
Les alligators approchent
Où sont les pagaies ?


jeudi 22 septembre 2016

José et le pot de miel

Il ouvre le réfrigérateur et considère un instant le yaourt au lait de brebis avant de soulever le couvercle de la boîte d'oeufs qui se révèle aux deux-tiers vide. Après une courte hésitation, il choisit l’œuf le plus rond.
Son regard posé sur le cul du lapin qui petit-déjeune au fond du jardin, il est presque absent à lui-même quand l'œuf s'échappe profitant d’un imperceptible relâchement de l’index ou du pouce. Le temps que son oeil remette la main sur le fuyard, jaune et blanc se font déjà des langues sur le carrelage. 
José sourit. Il sait. Cet après-midi, ce sera compliqué de jouer Houdini sous le soleil de Satan. Depuis quelque temps, ses pieds ne sont plus exactement au bon endroit. 
Il compte trois petites taches jaunes sur le gauche. Dehors, le lapin a disparu. Ne pas se disperser, se dit-il. Faire chauffer de l'eau, sinon pour l'œuf (il en reste un, vous comptez bien) au moins pour le thé. Le temps que la bouilloire atteigne 70°, il aura effacé sa maladresse.
Où est le rouleau d'essuie-tout ? José pense que l'essuie-tout essuie tout à condition d’en utiliser la juste quantité de la bonne façon. Pour un œuf cru, compter quatre feuilles : deux pour éponger grossièrement, la troisième pour la finition et la dernière qu'on passera une seconde sous le robinet - un minimum d'eau est nécessaire si l’on veut éviter cette agaçante sensation de colle sous le pied que ne manquerait pas de laisser un reste d'albumine après un nettoyage de surface.
Il ouvre le réfrigérateur une seconde fois. Le yaourt de brebis est convoqué, mais il ne chasse pas le dernier rêve de la nuit. Une de ces nuits sans nuit où l'animal prend le pouvoir, réduisant passé et futur dans un temps vertical fin comme l'épée. Les mains qui traversent la peaula pulpe des doigts qui tremble en découvrant la fraîcheur sous la sueurJosé ajoute une cuiller de miel. Le miel a l'odeur de sa peau. Il se dit que c'est un peu gros, d'autant que les rêves n’ont pas d’odeur. Le pot de miel sent la crème qu'elle met sur ses mains. Sur sa peau. José jette le yaourt. Trop de miel et pas assez de peau. Il jette le thé. Il veut juste un café. Olé.


mardi 20 septembre 2016

Exploded

- Salut.
- Bonjour.
- Ca va vous ?
- Pas mal, merci. Et vous ?
- Je ne sais pas.
- C’est un progrès.
- Vous trouvez ?
- Bah, c’est plutôt positif comme réponse.
- « Je ne sais pas » vous trouvez ça positif ?
- C’est ouvert. Vous ouvrez la porte à toutes les réponses, y compris une positive donc.
- Ouais, c'est pas faux, mais...
- Oui, c’est même plus positif de s’ouvrir à tous les possibles que de fermer la porte en répondant un définitif « Oui, ça va ».
- Peut-être, je ne sais pas...
- Mais oui, c'est formidable !
- N’en faites pas trop non plus. C’est pas parce que je ne sais rien que je suis demeuré. Vous avez pris des trucs ?
- Non. Quoi ?
- Je sais pas, mais si vous avez pris des trucs, j'en veux bien.
- Non, non, j'ai rien pris. 
- Dommage.
- On regarde quelque chose ?
- Oui, je suis venu pour ça, en fait.

lundi 19 septembre 2016

Western Haïku n°25

Enterré vivant
Pas d’ombre sur sa tête
Sauf celle des vautours

jeudi 15 septembre 2016

Un miracle de Jean-Baptiste

T. m’a dit tout bas « C’est beau ». Juan Bautista venait de conclure une série de passes suaves au ralenti par une passe basse vive et tranchante - comme le claquement de doigts d'un hypnotiseur rend au monde celui qu'il tenait en son pouvoir. Et c’était beau, oui, comme peu de choses le sont. 
Après, on est rentré sans dire un mot.

jeudi 8 septembre 2016

Petit morse brun à la montagne

L’été n’est pas terminé, mais l’hiver est déjà là. Le soleil brille d’accord, mais un vent glacial fait danser les poils sur son dos. Ca fait comme des petites vagues sur la mer, c'est joli. Lui, c'est un petit ours brun, pas un ourson, mais il n'est pas très grand, quoi. Pour un ours.
Là, il se tient parfaitement immobile à l’entrée d’une grotte, son cul tourné vers le soleil et une patte antérieure curieusement levée, qui lui donne des airs de gros épagneul breton dégénéré. Enfin, il se décide. Il avance, mais sans bouger ses appuis : d’un unique et lent mouvement du cou, il pousse son museau à l’intérieur, en éclaireur. Ca sent bon le bois sec et la myrtille. Enfin, c’est ce qu’il se dit sans en être bien sûr (comme un amateur hésite à nommer les arômes à l’ouverture d’une bonne bouteille). La myrtille ou la mûre ou autre chose, mais une odeur qu’il apprécie, en tous cas. C’est un ours curieux, comme le sont tous les ours, mais un peu plus, alors il va évidemment voir plus loin. Il fait un pas, c’est à dire au moins deux, et il la découvre avant même de la voir : une cavité juste à sa taille, là au fond de la grotte, dans sa partie la plus obscure, un peu humide mais pas trop, mignonne tellement. Il s’approche, renifle. Il n’y a pas à tortiller, c’est une merveille de petite cavité polie par des eaux millénaires ; striée de fines nervures horizontales mauves et roses ; douce et ronde comme l’intérieur d’un œuf. Il tâtonne un instant pour la forme, comme par galanterie, mais il ne tarde pas à s’y caler, et aussitôt il sait qu’il est chez lui. Ah, quel endroit ! C’est sa contre forme idéale, à peine plus grande que lui, pour ne jamais s’y sentir à l’étroit ; pour s’enfoncer un peu plus à gauche un soir ou un peu plus à droite un autre ; ou pour pouvoir grandir encore, on ne sait jamais… Ah, quelle rencontre ! Quelle trouvaille ! Il en danse de joie comme une marmotte devant son premier perce-neige.
Pendant de longues semaines, il est incapable de penser à autre chose. Quitter son abri lui déchire le coeur, même pour aller se régaler de ce délicieux miel que les abeilles font par ici. Et quand chaque nuit vient, il peine à trouver le sommeil tant il se réjouit encore et encore de sa découverte. On dirait le Sud, le temps dure longtemps. Et la vie sûrement plus d’un million d’années. 
Justement, il est largement temps de songer à hiberner. Aujourd’hui, il s’offre une dernière sortie pour faire le plein de lumière avant la longue et douce nuit ; des mois et des mois, juste sa grotte et lui. D’ailleurs, assez gambadé. Demi-tour, on rentre à l'écurie. Ecoutez-le chanter, regardez-le galoper jusqu’à son abri. Regardez-le s’arrêter net. Car un malheur est arrivé. Inimaginable. Connaît-il une hallucination due à l'ingestion hasardeuse de quelque champignon des bois ? Ou bien est-il victime d’une distraction extraordinaire qui lui fait prendre une montagne pour une autre ? Il y a certainement une explication raisonnable, on ne peut pas être privé d’une telle félicité du jour au lendemain, sans raison. La vie n’est pas si injuste, les gens ne sont pas si méchants.
Le petit ours doit pourtant se résoudre à l’impossible : un éboulis, venu du ciel ou des enfers, empêche tout accès à sa grotte. Il refuse ce grand n'importe quoi, bien sûr, et tente de déplacer l’un des rochers, puis un autre plus petit, et encore un autre. Mais c’est du pareil au même, il n’y a rien à faire, même pour un petit ours fort comme lui. Le bonheur est là, tout près, mais hors d’atteinte. Il pleure sans bruit, assis sur ses fesses d'oursIl reconnaît sa défaite. Il pleure comme un homme. Et les larmes qui sortent de ses yeux gèlent les unes sur les autres avant de toucher le sol. Et de ses joues pendent bientôt deux stalactites qui font inévitablement penser à des défenses de mammifère marin, incongrues peut-être, mais vraiment très bien dessinées. Sans réaction, incapable de faire cesser ses pleurs, notre animal regarde impuissant ses deux nouvelles défenses progresser lentement vers le sol. Avant que le soleil ait disparu derrière la crête, les deux stalactites sont profondément fichées et le mammifère solidement amarré. Et il reste planté là, face à son asile perdu, inconsolable petit morse brun, seul au milieu du silence de la montagne (où, comme on le sait, nulle musique n'adoucit les morses).


mardi 6 septembre 2016

Entre le jaune et le bleu ?


Dans mes yeux, la reine-claude est de l’exact même vert que mon pantalon, mais mon iPhone ne voit pas la même chose. Ou plutôt : je ne vois pas la même chose en vrai et dans l’écran. De là à penser que tout ce que je vois dans mon écran n’est pas conforme à ce que je verrais dans la réalité, il y a un pas facile que je ne franchis pas tout à fait. Je constate surtout que je suis incapable de me faire une idée précise de ce que j’ai sous les yeux. Alors je pense à tout ce que je ne vois pas et que j’essaie pourtant d’imaginer. Vertige d’ignorance. Je reviens à ce que j'ai sous les yeux. A la prune sur ma jambe. Une reine-claude. Du même vert que mon pantalon ou pas ? Je ne sais pas. Je ne sais rien. Je mange la prune. Elle est bonne. Il y a une petite tâche sur mon pantalon, mais ça va un peu mieux.

vendredi 2 septembre 2016

Une curieuse façon


J’ai longtemps pensé qu’elle avait un drôle de comportement, alors qu’en réalité, c’est juste une curieuse façon de s’habiller.

mercredi 31 août 2016

Coin-coin con-con

Troublant comme l’accent du midi dans la bouche d’une femme qui parle du nez ressemble à s’y méprendre au caquètement d’un canard.