samedi 27 mai 2017

Ca demande du courage d'être gai


- Salut.
- Bonjour.
- Il fait beau, hein.
- Euh… Oui.
- C’est chouette.
- Chouette ?
- Oui, on peut se détendre un peu, non ?
- Oui… C’est-à-dire ?
- Kiffer.
- Ah, carrément…
- Oh, ça va! Libérer les gestes, fermer les yeux dans le soleil et ne penser à rien, ou juste à des choses agréables, sans mot, sans plan.
- D’accord.
- Merci.
- Je vous en prie. J’ai hâte que vous m’appreniez.
- On peut essayer au moins, non ? Se forcer à respirer calmement quand l’oppression s’invite, ne pas laisser l’inquiétude gagner, se battre un peu quoi. Ca demande du courage d’être gai.
- Oui, oui, c'est vrai.
- L’autre jour, j’ai entendu une dame à une terrasse de café dire au serveur : « Je prends toujours un sucre. Les gens qui ne mettent pas de sucre dans leur café sont souvent des emmerdeurs. »
- Vous êtes d’accord ?
- J’aime le café, je l’emmerde. Mais j’ai trouvé ça assez admirable, cette assurance, cette certitude dans la voix. Cette femme sait des choses. On imagine aussitôt la suite d’expériences qui l’ont conduite à découvrir cette vérité. Le jeune barbu qui dit « Pas de sucre, mais je veux bien une goutte de lait, juste une, il est bio, le lait, hein ? » ou la fille qui dit « Non, pas de sucre, mais si vous pouvez baisser la musique et remonter le store, c’est bien. », cette galerie de chieurs raisonnables pendant que les bouffeurs de sucre ferment leurs yeux dans le soleil et savourent leur café sucré sans emmerder personne.
- Vous allez vous mettre au sucre ?
- Peut-être. Fumer, c’est cool aussi.
- Ah, oui, bonne idée.
- Il n’est jamais trop tard pour bien faire. J’ai découvert l’album de Houellebecq et Burgalat avec 17 ans de retard. Je ne le quitte plus, j’essaie de rattraper le retard.
- C’est bien ?
- C’est "bien" ? Mais évidemment que c’est bien, je vous dis que je suis un imbécile d’être passé à côté pendant tout ce temps, je sais pas ce que je foutais.
- Il chante ?
- Ben non. Mais c'est des chansons, oui. Il y a un titre, Plein été, qui commence comme un slow de groupe de bal, décor de désespoir lucide, et qui atteint régulièrement une intensité qui contredit ce désespoir, ça sent la recherche d’amour, un reste de foi qui ne sait pas se rendre, une attente, non, une envie.
"Tout a lieu, tout est là, et tout est phénomène
Aucun événement ne semble justifié
Il faudrait parvenir à un cœur clarifié
… "
- On écoute, j’imagine ?
- On ne peut pas faire autrement.
           

Tokyo Paris - Musée de l'Orangerie


Kazuo Shiraga
Hans Hartung

dimanche 21 mai 2017

Ta main - 12

La FFC

Il existe donc une fédération française de crémation.
Combien compte-t-elle de membres ? 
Organise-t-elle des compétitions ? 
Quels critères retient-elle pour désigner ses champions - montée en température du four, déplacement du chariot, vitesse de la crémation, quantité et qualité des cendres ? 
Y a-t-il une épreuve "accueil et gestion des proches + discours" ? 
Utilise-t-on des défunts authentiques ou des mannequins standard faits du même bois pour garantir l'équité ? 
Nos vainqueurs nationaux rencontrent-ils les meilleurs représentants des fédérations étrangères ?
...