La mer penche. Elle
est en pente. Elle était encore droite, hier. Enfin, je pense.
Elle était plate,
horizontale, à peine animée de moutons d'écume. Les voiliers avaient besoin du
vent ; les rameurs, de rames ; les nageurs, de sang.
Depuis ce matin, elle
penche. Elle est plus haute à droite, c'est subtil, mais c'est évident. Les
paquebots glissent en arrière, il n'y a rien à faire, la mer penche.
Il n'y
aura plus de marée. Désormais, elle part sur le côté. Ca devait arriver.
On a
beau dire, l'ordre n'est jamais tout à fait établi. Il suffit d'attendre, ou d'y
mettre du sien. La mer penche. Elle descend en pente douce. Je m'y habitue
presque déjà.