Le ciel est de la couleur de l’autoroute, je suis seul au
volant avec Feu! Chatterton. Les arbres qui ondulaient gentiment derrière le
pare-brise donnent soudain un coup de pied dans une porte de ma mémoire qui
s’ouvre sur mon regard d’enfant assis à l’arrière de la GS et les sensations
qui vont avec. C’est court, mais net, une téléportation de Brugges à
Ris-Orangis quarante ans plus tôt. J’ai sept ans l’espace de deux secondes, le
temps d’un bug que la Volvo en cruise-control gère avec calme. Mes parents sont
silencieux, j’ai un peu mal au cœur et une mélancolie m’habite, qui ignore
encore son objet. Je reviens au volant avec le sentiment de rouler depuis toujours.
J’ai hâte d’arriver quelque part.