vendredi 30 septembre 2016
jeudi 29 septembre 2016
La bête à deux têtes
J’ai quatre jambes et quatre bras
Deux cœurs, deux bouches et cetera
Qu’est-ce que tu dis ? Tu étais là ?
Ca explique ce n’importe quoi
mercredi 28 septembre 2016
mardi 27 septembre 2016
lundi 26 septembre 2016
jeudi 22 septembre 2016
José et le pot de miel
Il ouvre le
réfrigérateur et considère un instant le yaourt au lait de brebis avant de
soulever le couvercle de la boîte d'oeufs qui se révèle aux deux-tiers vide.
Après une courte hésitation, il choisit l’œuf le plus rond.
Son regard posé sur le cul du lapin qui petit-déjeune au fond du jardin, il est presque absent à lui-même quand l'œuf s'échappe profitant d’un imperceptible relâchement de l’index ou du pouce. Le temps que son oeil remette la main sur le fuyard, jaune et blanc se font déjà des langues sur le carrelage.
José sourit. Il sait. Cet après-midi, ce sera compliqué de jouer Houdini sous le soleil de Satan. Depuis quelque temps, ses pieds ne sont plus exactement au bon endroit.
Il compte trois petites taches jaunes sur le gauche. Dehors, le lapin a disparu. Ne pas se disperser, se dit-il. Faire chauffer de l'eau, sinon pour l'œuf (il en reste un, vous comptez bien) au moins pour le thé. Le temps que la bouilloire atteigne 70°, il aura effacé sa maladresse.
Où est le rouleau d'essuie-tout ? José pense que l'essuie-tout essuie tout à condition d’en utiliser la juste quantité de la bonne façon. Pour un œuf cru, compter quatre feuilles : deux pour éponger grossièrement, la troisième pour la finition et la dernière qu'on passera une seconde sous le robinet - un minimum d'eau est nécessaire si l’on veut éviter cette agaçante sensation de colle sous le pied que ne manquerait pas de laisser un reste d'albumine après un nettoyage de surface.
Il ouvre le réfrigérateur une seconde fois. Le yaourt de brebis est convoqué, mais il ne chasse pas le dernier rêve de la nuit. Une de ces nuits sans nuit où l'animal prend le pouvoir, réduisant passé et futur dans un temps vertical fin comme l'épée. Les mains qui traversent la peau, la pulpe des doigts qui tremble en découvrant la fraîcheur sous la sueur. José ajoute une cuiller de miel. Le miel a l'odeur de sa peau. Il se dit que c'est un peu gros, d'autant que les rêves n’ont pas d’odeur. Le pot de miel sent la crème qu'elle met sur ses mains. Sur sa peau. José jette le yaourt. Trop de miel et pas assez de peau. Il jette le thé. Il veut juste un café. Olé.
Son regard posé sur le cul du lapin qui petit-déjeune au fond du jardin, il est presque absent à lui-même quand l'œuf s'échappe profitant d’un imperceptible relâchement de l’index ou du pouce. Le temps que son oeil remette la main sur le fuyard, jaune et blanc se font déjà des langues sur le carrelage.
José sourit. Il sait. Cet après-midi, ce sera compliqué de jouer Houdini sous le soleil de Satan. Depuis quelque temps, ses pieds ne sont plus exactement au bon endroit.
Il compte trois petites taches jaunes sur le gauche. Dehors, le lapin a disparu. Ne pas se disperser, se dit-il. Faire chauffer de l'eau, sinon pour l'œuf (il en reste un, vous comptez bien) au moins pour le thé. Le temps que la bouilloire atteigne 70°, il aura effacé sa maladresse.
Où est le rouleau d'essuie-tout ? José pense que l'essuie-tout essuie tout à condition d’en utiliser la juste quantité de la bonne façon. Pour un œuf cru, compter quatre feuilles : deux pour éponger grossièrement, la troisième pour la finition et la dernière qu'on passera une seconde sous le robinet - un minimum d'eau est nécessaire si l’on veut éviter cette agaçante sensation de colle sous le pied que ne manquerait pas de laisser un reste d'albumine après un nettoyage de surface.
Il ouvre le réfrigérateur une seconde fois. Le yaourt de brebis est convoqué, mais il ne chasse pas le dernier rêve de la nuit. Une de ces nuits sans nuit où l'animal prend le pouvoir, réduisant passé et futur dans un temps vertical fin comme l'épée. Les mains qui traversent la peau, la pulpe des doigts qui tremble en découvrant la fraîcheur sous la sueur. José ajoute une cuiller de miel. Le miel a l'odeur de sa peau. Il se dit que c'est un peu gros, d'autant que les rêves n’ont pas d’odeur. Le pot de miel sent la crème qu'elle met sur ses mains. Sur sa peau. José jette le yaourt. Trop de miel et pas assez de peau. Il jette le thé. Il veut juste un café. Olé.
mercredi 21 septembre 2016
mardi 20 septembre 2016
Exploded
- Salut.
- Bonjour.
- Ca va vous ?
- Pas mal, merci. Et vous ?
- Je ne sais pas.
- C’est un progrès.
- Vous trouvez ?
- Bah, c’est plutôt positif comme réponse.
- « Je ne sais pas » vous trouvez ça
positif ?
- C’est ouvert. Vous ouvrez la porte à toutes les réponses,
y compris une positive donc.
- Ouais, c'est pas faux, mais...
- Oui, c’est même plus positif de s’ouvrir à tous les possibles que de fermer la porte en répondant un définitif « Oui, ça va ».
- Peut-être, je ne sais pas...
- Mais oui, c'est formidable !
- N’en faites pas trop non plus. C’est pas parce que je ne
sais rien que je suis demeuré. Vous avez pris des trucs ?
- Non. Quoi ?
- Je sais pas, mais si vous avez pris des trucs, j'en veux bien.
- Non, non, j'ai rien pris.
- Dommage.
- On regarde quelque chose ?
- Oui, je suis venu pour ça, en fait.
- Oui, je suis venu pour ça, en fait.
lundi 19 septembre 2016
dimanche 18 septembre 2016
jeudi 15 septembre 2016
Un miracle de Jean-Baptiste
T. m’a dit tout bas « C’est beau ». Juan Bautista venait de conclure une série de passes suaves au ralenti par une passe basse vive et tranchante - comme le claquement de doigts d'un hypnotiseur rend au monde celui qu'il tenait en son pouvoir. Et c’était beau, oui, comme peu de choses le sont.
Après, on est rentré sans dire un mot.
Après, on est rentré sans dire un mot.
lundi 12 septembre 2016
vendredi 9 septembre 2016
jeudi 8 septembre 2016
Petit morse brun à la montagne
L’été
n’est pas terminé, mais l’hiver est déjà là. Le soleil brille d’accord, mais un vent glacial fait danser les poils sur son dos. Ca fait comme des petites vagues sur la mer, c'est joli. Lui, c'est un petit ours brun, pas un ourson, mais il n'est pas très grand, quoi. Pour un ours.
Là, il se tient parfaitement immobile à l’entrée d’une grotte, son cul tourné vers le soleil et une patte antérieure curieusement levée, qui lui donne des airs de gros épagneul breton dégénéré. Enfin, il se décide. Il avance, mais sans bouger ses appuis : d’un unique et lent mouvement du cou, il pousse son museau à l’intérieur, en éclaireur. Ca sent bon le bois sec et la myrtille. Enfin, c’est ce qu’il se dit sans en être bien sûr (comme un amateur hésite à nommer les arômes à l’ouverture d’une bonne bouteille). La myrtille ou la mûre ou autre chose, mais une odeur qu’il apprécie, en tous cas. C’est un ours curieux, comme le sont tous les ours, mais un peu plus, alors il va évidemment voir plus loin. Il fait un pas, c’est à dire au moins deux, et il la découvre avant même de la voir : une cavité juste à sa taille, là au fond de la grotte, dans sa partie la plus obscure, un peu humide mais pas trop, mignonne tellement. Il s’approche, renifle. Il n’y a pas à tortiller, c’est une merveille de petite cavité polie par des eaux millénaires ; striée de fines nervures horizontales mauves et roses ; douce et ronde comme l’intérieur d’un œuf. Il tâtonne un instant pour la forme, comme par galanterie, mais il ne tarde pas à s’y caler, et aussitôt il sait qu’il est chez lui. Ah, quel endroit ! C’est sa contre forme idéale, à peine plus grande que lui, pour ne jamais s’y sentir à l’étroit ; pour s’enfoncer un peu plus à gauche un soir ou un peu plus à droite un autre ; ou pour pouvoir grandir encore, on ne sait jamais… Ah, quelle rencontre ! Quelle trouvaille ! Il en danse de joie comme une marmotte devant son premier perce-neige.
Là, il se tient parfaitement immobile à l’entrée d’une grotte, son cul tourné vers le soleil et une patte antérieure curieusement levée, qui lui donne des airs de gros épagneul breton dégénéré. Enfin, il se décide. Il avance, mais sans bouger ses appuis : d’un unique et lent mouvement du cou, il pousse son museau à l’intérieur, en éclaireur. Ca sent bon le bois sec et la myrtille. Enfin, c’est ce qu’il se dit sans en être bien sûr (comme un amateur hésite à nommer les arômes à l’ouverture d’une bonne bouteille). La myrtille ou la mûre ou autre chose, mais une odeur qu’il apprécie, en tous cas. C’est un ours curieux, comme le sont tous les ours, mais un peu plus, alors il va évidemment voir plus loin. Il fait un pas, c’est à dire au moins deux, et il la découvre avant même de la voir : une cavité juste à sa taille, là au fond de la grotte, dans sa partie la plus obscure, un peu humide mais pas trop, mignonne tellement. Il s’approche, renifle. Il n’y a pas à tortiller, c’est une merveille de petite cavité polie par des eaux millénaires ; striée de fines nervures horizontales mauves et roses ; douce et ronde comme l’intérieur d’un œuf. Il tâtonne un instant pour la forme, comme par galanterie, mais il ne tarde pas à s’y caler, et aussitôt il sait qu’il est chez lui. Ah, quel endroit ! C’est sa contre forme idéale, à peine plus grande que lui, pour ne jamais s’y sentir à l’étroit ; pour s’enfoncer un peu plus à gauche un soir ou un peu plus à droite un autre ; ou pour pouvoir grandir encore, on ne sait jamais… Ah, quelle rencontre ! Quelle trouvaille ! Il en danse de joie comme une marmotte devant son premier perce-neige.
Pendant
de longues semaines, il est incapable de penser à autre chose. Quitter son abri lui déchire le coeur, même
pour aller se régaler de ce délicieux miel que les abeilles font par ici. Et quand chaque nuit vient, il peine à trouver le sommeil
tant il se réjouit encore et encore de sa découverte. On dirait le Sud, le
temps dure longtemps. Et la vie sûrement plus d’un million d’années.
Justement, il est largement temps de songer à hiberner. Aujourd’hui, il s’offre une dernière sortie pour faire le plein de lumière avant la longue et douce nuit ; des mois et des mois, juste sa grotte et lui. D’ailleurs, assez gambadé. Demi-tour, on rentre à l'écurie. Ecoutez-le chanter, regardez-le galoper jusqu’à son abri. Regardez-le s’arrêter net. Car un malheur est arrivé. Inimaginable. Connaît-il une hallucination due à l'ingestion hasardeuse de quelque champignon des bois ? Ou bien est-il victime d’une distraction extraordinaire qui lui fait prendre une montagne pour une autre ? Il y a certainement une explication raisonnable, on ne peut pas être privé d’une telle félicité du jour au lendemain, sans raison. La vie n’est pas si injuste, les gens ne sont pas si méchants.
Justement, il est largement temps de songer à hiberner. Aujourd’hui, il s’offre une dernière sortie pour faire le plein de lumière avant la longue et douce nuit ; des mois et des mois, juste sa grotte et lui. D’ailleurs, assez gambadé. Demi-tour, on rentre à l'écurie. Ecoutez-le chanter, regardez-le galoper jusqu’à son abri. Regardez-le s’arrêter net. Car un malheur est arrivé. Inimaginable. Connaît-il une hallucination due à l'ingestion hasardeuse de quelque champignon des bois ? Ou bien est-il victime d’une distraction extraordinaire qui lui fait prendre une montagne pour une autre ? Il y a certainement une explication raisonnable, on ne peut pas être privé d’une telle félicité du jour au lendemain, sans raison. La vie n’est pas si injuste, les gens ne sont pas si méchants.
Le
petit ours doit pourtant se résoudre à l’impossible : un éboulis, venu du ciel ou des enfers, empêche tout
accès à sa grotte. Il refuse ce grand n'importe quoi, bien sûr, et tente de déplacer l’un des rochers, puis un autre plus petit, et encore un autre. Mais c’est du pareil
au même, il n’y a rien à faire, même pour un petit ours fort comme lui. Le bonheur
est là, tout près, mais hors d’atteinte. Il pleure sans bruit, assis sur ses fesses d'ours. Il reconnaît sa défaite. Il pleure comme un homme. Et les larmes qui sortent de ses
yeux gèlent les unes sur les autres avant de toucher le sol. Et de ses joues
pendent bientôt deux stalactites qui font inévitablement penser à des défenses
de mammifère marin, incongrues peut-être, mais vraiment très bien dessinées. Sans
réaction, incapable de faire cesser ses pleurs, notre animal regarde impuissant
ses deux nouvelles défenses progresser lentement vers le sol. Avant que le soleil ait disparu derrière la crête, les deux stalactites sont profondément fichées et le mammifère solidement amarré. Et il reste planté là, face à son asile perdu, inconsolable petit
morse brun, seul au milieu du silence de la montagne (où, comme on le sait, nulle musique n'adoucit les morses).
mardi 6 septembre 2016
Entre le jaune et le bleu ?
Dans mes yeux, la reine-claude est de l’exact même vert
que mon pantalon, mais mon iPhone ne voit pas la même chose. Ou plutôt :
je ne vois pas la même chose en vrai et dans l’écran. De là à penser que tout
ce que je vois dans mon écran n’est pas conforme à ce que je verrais dans la
réalité, il y a un pas facile que je ne franchis pas tout à fait. Je constate surtout que je suis incapable de me faire une idée précise de ce que j’ai sous
les yeux. Alors je pense à tout ce que je ne vois pas et que j’essaie pourtant
d’imaginer. Vertige d’ignorance. Je reviens à ce que j'ai sous les yeux. A la prune sur ma jambe. Une reine-claude. Du même vert que mon pantalon ou pas ? Je ne sais pas. Je ne sais rien. Je mange la prune. Elle est bonne. Il y a une petite tâche sur mon pantalon, mais ça va un peu mieux.
vendredi 2 septembre 2016
Une curieuse façon
J’ai longtemps pensé qu’elle avait un drôle de comportement, alors qu’en réalité, c’est juste une curieuse
façon de s’habiller.
jeudi 1 septembre 2016
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