Les
chaînes se déroulent d’un coup et sa tête s’écrase sur le sol. Traumatisme
crânien assuré. Les moteurs enroulent les maillons, il se redresse, se
retourne, nous regarde. Les chaînes se déroulent à nouveau, il s’écrase à
nouveau, tête la première. La lourdeur des chaînes ; le son mat de sa tête qui
cogne par terre encore et encore. Les traces grises que laisse son corps traîné
sur le sol blanc depuis quand ?
C’est Guignol
pour adultes. Le gendarme a gagné, on ignore au service de qui ou de quoi. Le
public peut bien crier, Guignol a perdu. Et il morfle sérieusement, le gars.
Personne ne viendra le délivrer, ça vaut pour toutes ses victoires faciles, on
imagine.
Ou Pinocchio
2.0 – il faut voir ses yeux qui attrapent les vôtres, la vie numérique au cœur
du bois. C’est Pinocchio au cirque, mais sans happy end. Gepetto est mort et la
fée bleue aussi. On convoque Freaks, la Vénus hottentote, les nains et les
avaleurs de sabre de Diane Arbus, Strange fruit et la guitare lynchée de
Christian Marclay.
On voit
aussi Peter Pan, Spartacus, Tristan, et pas Yseult.
Quand
les enceintes jouent When a man loves a woman de Percy Sledge, on n’entend plus
les chaînes pour quelques minutes. Il danse Pinocchio, il vole. Et puis la
musique s’arrête, et la drôle de danse continue. Mais il ne vole plus, le
pantin.
Au bout de vingt minutes, la boucle est bouclée, il
n’y a plus rien à attendre et aucune chaîne ne nous retient. Il faut déjà quitter
notre nouvel ami, et ça n’a vraiment rien de facile. On reviendra, forcément.