Sur la première vue, on
aperçoit immédiatement deux voitures rouges garées l’une derrière l’autre, entre
deux voitures bleues et trois blanches ; deux piscines, l’une du côté
gauche de la route, bleu Klein, près de laquelle deux personnes cuisent sur un
drap rose, et l’autre aux reflets bleu ciel, sur un toit d’immeuble, jalonnée
de transats désertés ; parfaitement alignés, des arbres d’un vert presque
fluorescent peinent à créer de l’ombre, il est midi, à une vingtaine de minutes
près. Au pied de l’immeuble gris Lego, dans l’allée qui longe la pelouse à
moitié brûlée par le soleil (on doit être à la fin du printemps), un homme est
figé dans une position de course, impossible de dire s’il rejoint une amoureuse
hors champ ou si ses pieds nus souffrent de la température élevée du sol. De l’autre
côté de l’immeuble, on distingue une silhouette assise sur un banc, au niveau des
bacs poubelles aux couvercles jaune, vert et bleu curieusement situés au centre
de l’espace deux-roues. En s’attardant encore un peu, on note des arceaux où sont
accrochés quelques vélos, dans l’axe du toit de la station-service Cepsa qui
fait inévitablement penser à un empennage de flèche, et en bas de l’image, au
centre, un chiffre 1 peint sur la chaussée, et c’est à peu près tout.
Sur la deuxième vue, qui
fait voir plus loin au-delà de l’immeuble déjà présent dans la première image,
l’impression demeure - même si la perspective apporte un peu plus de réalité - la ville
vue du vingt-quatrième étage a des airs de maquette où les choses et les gens
restent sagement là où on les a placés. Tout est bien rangé, au carré, dans
l’ordre, sentiment de maîtrise totale, sérénité, pour un peu, on s’ennuierait.