Les portraits de Jonathan Torgovnik sont
droits et sensibles, frontaux, à la bonne hauteur, à la bonne distance… mais on
n’a pas forcément envie de prendre ses photos en photo.
Regarder chaque femme
et chaque enfant. Lire le récit qui accompagne chaque image. Parce que le
diable est dans les détails. Parce que l’horreur n’est pas un concept. Voir. Savoir.
“Intended Consequences (Conséquences
attendues) est une série de portraits réalisés au Rwanda sur des femmes ayant
subi des violences sexuelles pendant le génocide, et des enfants nés de ces
violences. Pendant trois ans, j’ai voyagé à plusieurs reprises au Rwanda pour
photographier, interviewer et révéler les détails de ces crimes odieux,
perpétrés sur les mères de ces enfants. Beaucoup d’entre elles ont contracté le
VIH de ces hommes issus de milices et ont eu, pendant très longtemps, de
grandes difficultés à parler de ces expériences, tues par la honte des viols et
le fait de porter les enfants de rapports non choisis, alors même que les pères
étaient souvent la cause du décès de tout le reste de leurs familles.
Toutes les rencontres présentées dans cette
exposition ont eu lieu dans le secret des maisons de ces femmes. Il m’était impossible
de me préparer à ce que j’allais entendre. Pour la plupart d’entre elles,
c’était la première fois qu’elles exprimaient ce qu’elles avaient ressenti,
pourtant avec chaque interview, elles partageaient avec moi des détails intimes
liés à leur souffrance, leur isolement et les challenges de la vie quotidienne
auxquels elle continuaient de faire face comme autant de conséquences directes
de la violence qu’elles ont subi.
Ces mères ont survécu aux tortures les plus
terribles et en ressentent encore aujourd’hui les traumatismes.
Malheureusement, au Congo (RDC), au Darfour et dans le reste du monde, les
victimes de violences sexuelles font face au même genre de challenges chaque
jour. Mon plus grand espoir est que les gens, après avoir lu ces histoires et
en visionnant les portraits de ces femmes et enfants, choisissent d’oeuvrer à
s’assurer que de tels actes de violence ne se produisent plus jamais et
d’offrir à ces femmes des jours meilleurs.“
Jonathan Torgovnik