dimanche 14 octobre 2018

Dans le bleu


Pierre vient d'accrocher la toile au-dessus du divan, pas que ce soit spécialement pratique, mais c'est le seul pan de mur libre.  
Il l'a punaisée avec précaution sous le regard de Black qui, maintenant que l'automne est là, préfère le point d'observation du divan à la fraîcheur du tapis.
C'est une vue du Cannet, au premier plan jaune tournesol, très lumineux, et à l'horizon vespéral, mauve, avec un ciel filant au rouge ; comme deux heures éloignées de la journée réunies dans un même espace, ou comme un ciel normand qui se serait invité sur la côte d'azur.
Il a posé son pinceau, il ne sait pas bien regarder, le pinceau à la main, l'action prend le pas, la main devance l'oeil. Il a besoin de cette pause, du regard de Pierre sur le travail de Bonnard.
Pierre décèle une faiblesse au niveau des premières collines, derrière la ligne d'arbres qui borde le village, un manque de densité, une facilité. Dans le bleu. Sur la table, dans la boîte ouverte, les couleurs n'ont plus longtemps à attendre.
Il le savait, il n'est pas allé se laver les mains avant d'accrocher la toile. Une retouche, une seule, il se le promet, ces reprises sont dangereuses, il faut savoir s'arrêter juste avant d'avoir terminé.
Black a entendu quelqu'un derrière la porte, mais Marthe n'entrera pas, elle sait qu'Edouard est là pour la journée, et qu'il n'est pas venu prendre le thé.

Bonnard par Vuillard

mercredi 3 octobre 2018

Western Haïku n°28

Dans sa maison blanche
Il twitte chaque jour que Dieu fait
Mon Dieu, faites-le taire