jeudi 22 août 2019

And in the morning come

- Bonsoir.
- Bonsoir.
- Si je me fie aux statistiques, il me reste entre 7500 et 11 000 jours à vivre. Et évidemment, avec un peu moins de qualité vers la fin.
- Ca fait combien en années ?
- Il suffit de diviser par 365, vous avez une tête, non ? Mais justement, j'ai fait le contraire, parce que passé un certain âge, on a intérêt à être un minimum concentré, à ne pas gâcher. 
- L'âge de raison arrive un peu après sept ans, en fait.
- Oui, j'ai l'impression. Il y a un moment où il est sage d'arrêter de penser que ça ira mieux l'année prochaine, parce qu'il y a peu de chances, en vrai, surtout si on ne se bouge pas un peu le cul dès demain matin.
- Vous faites quoi demain matin ?
- Je vais à la mairie à 8h30 faire légaliser une signature, ensuite j'ai quelques réunions et des trucs prévus qui ne vous regardent pas.
- C'est ça, "se bouger un peu le cul" ?
- Pas exactement.
- Mais on ne fait pas toujours ce que l'on veut...
- Exactement.
- Alors, ça change quoi de penser en jours ?
- Ca réduit un peu le risque de s'endormir. Ca aiguillonne la question de la volonté. De nos volontés.
- De "nos" volontés ?
- Oui, quelles sont nos volontés avant la dernière ? Puisqu'on est supposé avoir une dernière volonté (ce qui est une sacrée question en soi, je vous l'accorde, mais il nous reste quelques jours pour y penser), on peut en avoir d'autres avant, non ? Que voulons-nous, et faisons-nous quelque chose pour ça arrive ? Ou attendons-nous que la vie et les autres décident pour nous ?
- Vous savez ce que vous voulez ?
- J'ai quelques idées, oui.
- Vous me direz ?
- Oui, oui. 
- On regarde quelque chose ? 
- Une pochette d'album. Et on écoute une chanson. Elle est belle.