lundi 5 novembre 2012

Ces deux-là

Anne aime les Impromptus de Schubert.

Les pantoufles de Georges, ce sont des baskets.

Anne veut voir les albums photos maintenant. Oui, maintenant, au milieu du repas, au milieu des assiettes. Ca ne peut pas attendre. S’il te plaît. Elle pousse les miettes, tourne les pages, vite. Et elle dit : c’est beau la vie, la longue vie.

Georges ne se plaint pas. Georges est vivant, Georges a vécu. Georges ne parle pas pour ne rien dire. Il dit ce qu’il pense, ce qu’il pense utile, ce qu’il pense utile à dire. Georges ne dit pas ce qu’il fait. Il peut dire ce qu’il a fait, et pourquoi, si ça peut aider quelqu’un, de comprendre ce qu’a fait Georges et pourquoi. Georges est d'accord pour parler sérieusement. Mais si on peut éviter de lui poser des questions inutiles, si on peut simplement lui faire confiance, c’est aussi bien. C’est mieux. Georges ne se cache pas derrière les mots. Il les choisit. Alors Georges parle. Il raconte des histoires, des souvenirs, parfois même il chante.

Anne demande peu. Anne demande le minimum. Le minimum de mots tristes, ceux qui soulignent ce qu’on sait déjà trop. Anne demande le minimum de laideur. Et s’il n’y a plus rien à dire, un sourire suffira. Et si personne ne peut plus sourire, alors on s’arrêtera là.

Georges offre des fleurs à Anne.