mercredi 15 janvier 2014

Gaspillage

- Dans The long goodbye, Philip Marlowe rejoue seul, et de mémoire, une partie d’échecs célèbre qu’il qualifie de parfait gaspillage sophistiqué d’intelligence humaine. Et il ajoute que l’on peut croiser ce type de gaspillage un peu partout, pas seulement dans la pub.
- Ca vous fait sourire.
- Oui, j’aime beaucoup Marlowe. Il est sentimental. Désabusé, mais toujours prêt à repartir, à jouer une nouvelle partie… Même s’il en connaît l’issue.
- Un romantique…
- Ce qu’on retient d’une grande partie d’échecs, ce sont les coups audacieux, les inventions… Qu’ils soient joués par le vainqueur ou le perdant importe peu.
- C’est nouveau, ce goût pour le roman noir ?
- Je ne sais pas. Ce qui me plaît dans les romans de Chandler, c’est la musique. Tension, résolution. Beaucoup de tension, très peu de résolution. Evidemment. Une immense nostalgie tendue par une énergie vitale mystérieuse… Los Angeles, quoi.
- …
- J’aime les pantoums aussi.
- Les quoi ?
- Les pantoums. Une suite de quatrains dans lesquels les deuxième et quatrième vers d’une strophe deviennent les premier et troisième de la strophe suivante. Et dont le dernier vers est le premier.
- Ca vous plaît, ça, hein ? 
- Quoi ?
- Le retour du même, la reprise…
- … Moui. Une histoire de musique, surtout.
- Bien sûr…
- Oui, enfin, j’étais venu vous parler de gaspillage, en fait.
- Bah, vous reviendrez.
- C’est ça, oui.
- Vous revenez toujours.
- Bon, ça suffit. Regardez ça plutôt.