dimanche 10 juin 2012

Remembering Ray

Je me souviens des Chroniques martiennes, une de mes premières lectures, une lecture scolaire. Solaire. Je ne me souviens pas du style, mais je vois des images claires : des horizons plus lointains tout au bout de déserts doux, une incurvation irisée, des changements de mise au point, des teintes métalliques, des bleus des verts des gris et un point de rouge, soudain. Une idée de far west avec des ranches dessinés par Frank Lloyd Wright, et à la place des chevaux, des fusées dessinées par Giovanni Bertone. La Californie d'avant l'homme blanc, mais dans le futur. Je me souviens surtout des hommes. Déboussolés sans gravité, à jamais déracinés. Ils me semble qu'ils étaient là, et pas. Tremblant au ralenti, souriant à demi. À la recherche d'une mémoire. Sur Mars, la nostalgie était toujours ce qu'elle était. Je me souviens d'une rencontre entre un terrien exilé et un martien, je ne sais plus de quoi ils parlaient, mais il me semble que cherchant à se connaître, ils réalisaient qu'ils ne partageaient pas la même réalité... Douceur amère, regrets éternels. Et partout, toujours, un sentiment d'attente, avant l'orage, après la guerre. J'avais adoré les Chroniques martiennes, j'ai seulement oublié d'y penser pendant trente cinq ans.