lundi 27 août 2012

Unendliche Unsicherheit



Les deux amies discutaient devant le tableau depuis moins d'une minute lorsqu'elles ont commencé à devenir floues. La dame en jupe a alors rapidement changé de couleur avant de disparaitre dans la peinture, avalée, dissipée, pfuitt. Je le raconte comme ça, mais sur le moment, je n'ai pas compris ce qui se passait. J'étais hypnotisé, incapable d'ouvrir la bouche ou d'esquisser un geste, n'y pensant même pas. Tout s'était déroulé si vite, avec fluidité, sans la moindre violence. Elle était là et puis plus, voilà. Son amie a regardé la toile encore quelques instants et puis elle est passé à la suivante sans un regard derrière elle. C'était une exposition importante, il y avait tant de choses à voir. Moi aussi, j'ai quitté la salle.
Gerhard Richter dit que le spectateur ne peut pas s’empêcher de voir quelque chose dans les tableaux, même les plus abstraits, “parce que tout est enraciné dans le monde, tout est relié d’une manière ou d’une autre à l’expérience”. Je veux bien, évidemment, mais moi ce que j'ai vu, c'est une spectatrice disparaître dans un tableau ; une femme qui s'évanouit dans le paysage ; mon expérience, c'est une disparition, c'est l'absence.