mercredi 2 janvier 2013

Un postmoderne

Bonjour. C'est un homme de l'après qui vous parle.
La modernité a fait son temps : la croissance éternelle qui donnait à jamais envie de grandir, les lendemains qui chantaient comme des sourds, et même le progrès comme solution aux méfaits du progrès, sont gentiment morts avec le vingtième siècle. Quant aux inventions qui inventaient les désirs, elles bougent encore, mais avec quelques kilos de plomb dans les plumes. Nous en sommes là, et si intellectuels et gouvernants font semblant de l'ignorer, c'est probablement plus par incapacité à trouver la suite que par simple intérêt personnel.
La fin de la modernité sonne la défaite de la rationalité. Le progrès qui vacille, c'est la logique cartésienne qui perd de son assurance, et avec elle quelques liens de causalité. Se priver pour un monde meilleur soit, mais pour un monde pire... Alors : autre chose. Alors chacun se souvient avoir eu un jour le rouge aux joues, la chair de poule et parfois même un petit glaçon qui vibrait derrière son sternum. Et voila l'émotionnel de retour, volant au secours du petit homme qui persiste à vouloir donner un semblant de sens à son passage sur terre. Finalement, le XXIe siècle sera émotionnel ou ne sera pas.
Et donc on fait quoi quand on est un homme postmoderne, à part s'émouvoir en attendant que les caisses de retraite soient vides. On cherche. Et si on ne trouve pas, on s'amuse en attendant. On écrit ses petites pensées sur son petit blog perdu dans l'immensité numérique intersidérale. Car quand l'histoire peine à écrire la suite, il nous reste toujours les histoires à raconter et à vivre. Et s
i l'on doute du futur, il n'y a plus beaucoup de raisons de ne pas tout vivre aujourd'hui. Pour l'heure, l'homme postmoderne n'écrit pas d'histoire, il évalue vaguement son passage en 2013 en bougeant mollement son cul à Miami Beach dans un cabriolet de location qui consomme ses douze litres aux cent, car l'homme postmoderne n'est pas à une contradiction près. Le rationnel est mort, il vous dit. Et il vous embrasse.