jeudi 27 septembre 2012

Un petit vélo dans la tête



- Dring !
- Ah, vous sonnez, maintenant ?
- Je ne me souvenais plus… Avant, je frappais ?
- Il me semble…
- …
- Ca vous amuse ?
- Frapper avant d’entrer, c’est comme « Pendez-le, on le jugera après »…
- Vous ne voulez pas vous asseoir ?
- Je ne sais pas… On ne peut pas rester debout ?
- Si.
- …
- Je vous écoute.
- Eh bien justement, je n’ai rien à dire. C’est pour ça que je suis là. Je suis prisonnier de boucles sans queue ni tête. Je ne comprends plus rien à grand chose… J’ai l’impression que mon cerveau a grillé.
- Grillé ?
- Oui, grillé. J’ai eu un coup de chaleur cet été et j’ai lu sur le web… Oui, je sais, mais je ne peux pas m’en empêcher… Bref, j’ai lu sur le web qu’en cas de coup de chaleur, le cerveau était atteint en premier…
- En premier…
- Oui, avant les reins, le foie, le colon…
- Oui.
- Oui, et donc j’ai peur d’avoir perdu beaucoup. De faculté mentale...
- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
- Parce que je réfléchis comme un imbécile. Quand je réfléchis.
- Allez-y, par exemple…
- J’ai des pensées pathétiques. Par exemple, je me dis que la vie se découpe en deux parties : au milieu, un champ d’herbe tendre parsemée de coquelicots où attend une femme inconnue qu’on aime et qui nous aime. D’un côté, il y a le premier temps de la vie où on se dit qu’on ira dans le champ plus tard ; et de l’autre, le second temps de la vie où on réalise qu'on n'est pas allé dans le champ, ou si peu. Voilà. Vous voyez ?
- Quoi ?
- Que mon cerveau est grillé.
- …
- Et sinon, je crois que je suis sourd aussi.
- Vous faites toujours du vélo ?
- Oui.
- Continuez.
- A faire du vélo ?
- Oui, faites de l’exercice.
Comme vous vous sentez diminué, aujourd’hui c’est moi qui vais vous montrer une vidéo.