mercredi 27 juillet 2011

Oublier Par Coeur


Je me souviens d’un petit vélo rouge à guidon chromé au fond de la cour.
Je me souviens que six fois cinq font trente et de mille autres choses,
sans compter les âmes.

C’est un petit val qui mousse de rayons

On nous apprend à nous souvenir. Lire, relire, répéter, réciter. 
On nous apprend à retenir.
  
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue
  
On nous apprend à apprendre par cœur. 
Curieuse expression pour des petits perroquets, 
pour des singes si peu savants. 
Pour des enfants qui ne demandent qu’à courir dans le jardin.
  
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut
  
Mais aussi bête qu’elle soit, la technique produit ses effets 
et le cœur se souvient. 
De ce qu’il veut quand il veut, et pas quand on l’appelle. 
Il a ses raisons, ça ne se discute pas.

Nature, berce-le chaudement : il a froid

On nous dit que plus on fait travailler sa tête, plus elle travaille, 
on nous dit que la mémoire est infinie. La belle affaire… 
Et les paradis perdus se serrent là-haut sur l’étagère, 
loin des mains, loin du cœur.
  
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine

Ce qu’il faudrait apprendre en grandissant, c’est à quitter, à laisser, à perdre. 
Réinitialiser les sentiments, redevenir innocent.
Ce qu’il faudrait, c’est oublier par cœur.