mercredi 3 août 2016

Rue Boursault

C’est le Transilien de 5h45 qui a niqué ton rêve, mais ce bruit de Goldorak rouillé, c’est celui du camion poubelle de la rue des dames. Il est presque six heures et son broyeur manque définitivement d’huile. Tu as vingt-cinq minutes pour te rendormir avant l’arrivée du livreur du Franprix qui laissera tourner son moteur pour maintenir tant bien que mal la température à l’intérieur du container ouvert. Il est là, qui cogne le porte-palettes du magasin contre le hayon métallique de son camion. Il est volontaire, le livreur du Franprix. Ce matin, tu ne comptes que trois palettes, on est en août, le réassort doit être moins important. Tu te lèves, tu ouvres la fenêtre et tu prends une photo. Le ciel est clair. La voisine d’en face a dormi la fenêtre ouverte et il est trop tard pour la refermer. Les stratus sont en train de passer du rose au gris foncé, la lumière est jaune sale, et la tour du Hyatt renvoie mollement les premiers rayons du jour. Tu retrouves ton futon. Tu écoutes une rediffusion de Science publique, Sexe, hypnose, méditation : peut-on percer les mystères de la conscience ? C’est drôle, c’est passionnant. C’est au tour du camion poubelle de la rue Boursault maintenant, tu te lèves pour fermer la fenêtre, tu en profites pour vérifier que le camion n’est pas au cinquième étage. Non. On jurerait pourtant. L’émission dure une heure. Tu es bien, tu en profites pour respirer. 




Tu_repasses dans la journée entre deux averses. Le ciel est chargé, mais c’est assez beau. La tour du Hyatt se dessine bien, on distingue même quelques-unes de ses antennes malgré une luminosité de merde. On voit un petit rectangle de ciel bleu à droite. Bleu ciel.



Ce_soir, le ciel se dégage. C’est doux comme j’aime. Des étourneaux s’amusent comme des jeunes chiens de l’autre côté de la voie ferrée. C'est aussi hypnotisant qu’un feu de cheminée, sauf qu'on lève un peu plus la tête. Les oiseaux plongent de temps à autre dans la rue Dulong, je les perds quelques secondes et ils réapparaissent. C’est heureux comme une fête foraine, ça pourrait durer des heures et ça en dure presque une. Bientôt, la tour du Hyatt tournera à l’orange et un peu plus tard on allumera la lumière dans quelques chambres. Je vais descendre me faire une napolitaine, je crois.