vendredi 17 avril 2020

Ces petits luxes

- Bonjour.
- Bonjour.
- Je ne suis pas un admirateur de Christophe - Comm'si la terre penchait est le seul album que je peux écouter presque en entier - pourtant sa mort m'attriste, plus que je ne m'y serais attendu.
- C'est étrange, ce rapport qu'on a avec la disparition des gens célèbres, qui faisaient partie de nos vies sans qu'on les connaisse réellement.
 - Oui. Je ne sais quels fils sont accrochés à ses chansons, à ses interviews, ou plus certainement au son de sa voix, et à quoi ils sont reliés...
- Les paradis perdus...
- Oui, c'est ça, cette image idiote d'une planète qui s'éteint, un monde fait de nuits éveillées, de recherche du micro parfait, de la réverb idéale, de temps qui passe sans éteindre la curiosité, de singularité, d'indétermination, de beauté...
- Qui est toujours bizarre.
- Oui.
- Vous l'avez rencontré, une fois.
- Oui, brièvement, à la brasserie Wepler. Il était à une table où tout le monde restait très silencieux. Nous, on venait d'enregistrer une maquette, on était un peu excités. Je me suis levé, pour aller lui dire que j'écoutais Ces petits luxes, en boucle - ce qui était vrai. Il m'a dit de m'asseoir, on a parlé un peu, j'ai sûrement dit des bêtises, et lui moins, même si ce n'est pas si certain. Avant de partir, il est venu signer le cd sur lequel on avait gravé notre titre du soir. On était drôlement heureux. Et fiers. Et il m'a écrit son adresse sur une feuille de petit carnet.
- Et il vous a écrit son adresse ?
- Oui.
- On écoute Ces petits luxes alors.
- Oui.